Produit par Claudie Ossard qui avait accompagné les premiers pas de Beineix et de Laurent Boutonnat, Delicatessen demandera 6 années pour voir le jour alors que ses deux réalisateurs s'étaient fait repérer avec deux courts-métrages d'exception : Le Manège et Le Bunker de la dernière rafale. Difficile en effet, de trouver des fonds dans un cinéma français frileux quand on parle de fantastique ! Le cinéma de Caro et Jeunet est vraiment le digne héritier des créations de Méliès. On y retrouve en effet les origines foraines du 7ème art à travers la création d’un univers fait de bric et de broc où triomphe le trompe-l’oeil. Delicatessen est un travail d’orfèvre, une savante horlogerie où les deux réalisateurs se sont impliqués dans le moindre détail.

Delicatessen est le manifeste d’un fantastique français plus porté sur l’imaginaire que le surnaturel. Le travail de Caro et Jeunet reprend ainsi à son compte la photographie en clair-obscur et les acteurs avec "une vraie gueule" du cinéma d’avant-guerre. Les auteurs ne veulent pas ici reproduire le réel, mais en proposer une relecture poétique. Un film marquant dont on se souvient pour la séquence de la salle de bain refaite par Del Toro dans La Forme de l'eau. Un instant de cinéma qui reste à ce jour l’une des plus belles trouvailles visuelles du 7ème art français.

Un superbe film à voir et à revoir !

Mad Will