Roubaix. Basile est sous traitement. Dans son passé il y a prison et hôpital. Ou peut-être hôpital seulement. Mais pour Basile c’est un peu pareil. Basile a une sœur, Sarah (Marine Vacth) qui l’aime beaucoup et cherche à l’aider. Son beau-frère aussi. Mais Basile s’en méfie. Il se méfie d’un peu tout le monde d’ailleurs, maladie oblige. Pas facile dans ce cas de se faire soigner quand on ne fait pas confiance aux médecins et à son entourage qui pourtant s’inquiète pour lui. Ce film retrace alors parfaitement les sautes d’humeur et les angoisses du personnage principal, magnifiquement interprété par Clément Roussier.

Néanmoins Basile cherche à reprendre une vie normale. Travail, famille, amis et pourquoi pas l’espoir d’une vie amoureuse avec Élodie (Diane Rouxel). Mais avec son lourd handicap, rien n’est simple.

Le film est touchant quand, sans jamais sombrer dans le pathos, il montre les difficultés auxquelles Basile doit faire face. Les choses sont montrées, simplement, sans lourdeur aucune. Et grâce à un cadre bien campé et une narration claire, la fuite du temps étant signifiée par le ventre de Sarah qui s’arrondit, le réalisateur Brieuc Carnaille parvient à nous emmener sans nous perdre dans les rêves et hallucinations de Basile. On partage ainsi ses visions dont la noirceur participe à dérégler son entendement.

Le film est construit en trois chapitres dont les titres correspondent à la dose de neuroleptiques avalée quotidiennement par Basile. Celui-ci jongle alors avec la prescription, au gré des effets secondaires indésirables des médicaments, au risque d’en perdre le bénéfice principal. Cependant, loin d’être un cauchemar perpétuel, le film présente aussi des scènes intenses. Quand il s’agit d’amour familial, entre le frère et la sœur, ou dans la construction d’un lien tendre entre Basile et Léo, le fils d’Élodie. On voit aussi des séquences de joie et de pur plaisir, par exemple quand Basile danse dans la rue. Ces scènes de vie sont d’autant plus magnifiées qu’elles contrastent avec des moments compliqués.

Réflexion sur le sort des malades psychiatriques, comment se soigner si on n’est pas pris en compte par la société́ ? Le soleil de trop près est un étonnant premier film sur un être maltraité par la vie qui parvient à nous montrer la part de poésie de nos existences.

Laurent Schérer