A mon âge je me cache encore pour fumer est un film résolument féministe. En grande partie un huis clos, il est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme qu’avait écrite la réalisatrice en 2009. L’action principale se situe dans un hammam où les femmes peuvent se sentir à l’abri des hommes et discuter entre elles. Mais en recueillant une femme enfuie de chez elle, la tenancière va provoquer l’incident qui fera basculer la sérénité du lieu. En effet des intégristes venus de l’extérieur viendront réclamer leur proie.

En laissant simplement les femmes entre elles, la réalisatrice montre une microsociété partagée entre celle qui revendique une émancipation totale et celle qui se soumet à l’intégrisme en passant par toutes les nuances possibles. Mais toutes doivent se plier à la loi des hommes. Seul le cadre du hammam leur laisse (mais pour combien de temps ?) une liberté de parole. La femme peut alors se mettre à nu, au propre comme au figuré. Le sujet est d’autant plus brûlant que l’action se situe dans l’Algérie des années noires pendant la guerre contre les islamistes du GIA. Rien n’empêche le spectateur de réactualiser ces images et d’en changer le cadre.

 Ce film pose un regard de femme sur un sujet hautement brûlant.

L.S.