L’équipe du Noma, restaurant danois de gastronomie nordique élu à plusieurs reprises « meilleur du monde », est invitée pour une résidence de deux mois à l’Hôtel Mandarin de Tokyo. Pour son chef, René Redzepi, il n’est pas question de se contenter d’y servir le menu danois du Noma, mais de le réinventer en s’inspirant de la culture, des techniques et des ingrédients japonais. Si l’investissement dans un tel projet de création gastronomique implique de la part des cuisiniers qui y participent un renoncement à toute vie privée, il est en contrepartie gage d’un galvanisant dépassement de soi. De plus, cet épanouissement individuel, loin de se produire dans la froideur de la solitude, est vécu collectivement à l’intérieur de ce qui devient une grande famille unie par un objectif commun fort, qui lui donne une énergie dont « tant de gens blasés n’ont pas idée ». C’est cette énergie, ce plaisir à l’ouvrage, que capte Maurice Dekkers dans son documentaire qui, s’il souffre quelques longueurs, a le mérite de faire un bel éloge du collectif. En effet, le réalisateur prend le temps de s’attarder sur chacun des cuisiniers talentueux réunis sous la houlette de René Redzepi, afin de mettre en valeur la singularité qui le rend à la fois indispensable et complémentaire à ses collègues. Fort de ces divers ingrédients, Noma au Japon réussit à satisfaire notre œil critique et à faire saliver nos papilles gourmandes.

F.L.