Régis a grandi à Forbach, petite ville de Moselle historiquement marquée par son annexion à l’Allemagne entre les deux guerres mondiales, où le souvenir de l’occupation nazie a longtemps détourné les habitants du choix de l’extrême droite mais où l’on note pourtant depuis quelques années une recrudescence du vote nationaliste. Prospère au temps des houillères, la ville périclite depuis avec un taux de chômage extrêmement élevé. Les habitants y vivent donc pour la plupart sans revenus et se replient chez eux pour sauver ce qu’ils peuvent sauver. Comme nombre des enfants ayant grandi à Forbach, Régis a fui dès qu’il l’a pu pour se construire ailleurs. Gardant tout de même un pied dans la ville où habitent toujours ses parents, il observe son évolution. Armé de sa curiosité, il interroge alors ceux qui sont restés sur la mémoire du passé germanique de la ville, sur les transformations qu’ils constatent, sur leur vie citoyenne…

En racontant ses souvenirs et en s’interrogeant en voix off, Régis Sauder nous invite à réfléchir de l’autre côté de l’écran à ce que nous avons laissé derrière nous, ce qui nous fait honte, ce que l’on regrette, aussi. En essayant de comprendre grâce au témoignage des habitants comment peut se développer la peur de l’autre et le repli nationaliste, le documentariste prolonge le cheminement réflexif tracé avant lui par le chercheur Didier Éribon dans son esquisse de socio-analyse Retour à Reims, ouvrage dont l’esprit plane sur Retour à Forbach bien au-delà du titre.

F.L.

L'interview de Régis Sauder par Florine Le Bris : https://www.chacuncherchesonfilm.fr/actualites/82-retour-a-forbach-interview-audio-avec-regis-sauder