Chongqing blues du réalisateur chinois Wang Xiaoshuai est un film sur l’incommunication et le sentiment de culpabilité qui y est lié. Revenu en ville après une longue absence, un capitaine au long cours apprend la mort de son fils tué par la police. Une douloureuse enquête commence afin d'élucider les circonstances de ce drame. Un film poignant à découvrir en salles.

La critique :

Chongqing blues du réalisateur chinois Wang Xiaoshuai raconte la douloureuse quête d’un père pour connaître les circonstances de la mort de son fils afin de faire son deuil. Lin Quanhai (Wang Xueqi) est capitaine au long cours, il est séparé de sa femme Yuying et n’a pas revu son fils Lin bo depuis quinze ans. De retour en Chine, il apprend que son fils a été tué par la police six mois auparavant. Il enquête alors pour connaître les raisons d’un tel drame.

Chongqing blues est un film sur l’absence de communication entre les êtres. Le cinéaste expose en particulier le fossé qui sépare des générations où l’autre est devenu un mystère insondable. Lin, au fur et à mesure de son enquête, se rend ainsi compte qu’il ne connaissait rien de la vie de son fils et encore moins de ses espoirs. Il n’arrive même plus à se souvenir de son physique, ne gardant selon ses dires qu’une ombre dans sa mémoire. Il tente bien de se procurer une photo nette de son fils, par laquelle il pourrait raviver ses traits, mais aucun des proches de Lin bo ne pourra ou du moins ne souhaitera lui en remettre une.

Difficile de cohabiter dans la Chine moderne entre l’ancienne génération bousculée entre autre par la rénovation urbaine, et une nouvelle génération qui ne trouve pas de sens à sa vie. « Boisement urbain et verdissement » proclame le teeshirt de Hao, le meilleur ami de Lin bo qui trainait tout le temps avec lui avant le drame. Ce n’est de toute évidence pas le chemin pris par le monde dans lequel ces jeunes sont nés.

Par le truchement d’une enquête parsemée d’obstacles suite au mutisme et au refus de collaborer de la plupart des principaux témoins du drame, le parcours de Lin ressemble à une randonnée dans le brouillard, au propre, dans une ville envahie par la fumée de la pollution, comme au figuré, où les formes que l’on croyait apercevoir s’évanouissent quand on s’en approche, à l’instar des images numériques de la caméra de surveillance qui a filmé les derniers instants de la vie de Lin bo, qui se pixellisent quand on les agrandit et dont Lin se sert comme ersatz de photographie.

Un film poignant sur une société dont l’évolution perturbe la plupart de ses membres, une fable sur l’incommunication et le sentiment de culpabilité qui y est lié.

Laurent Schérer

La bande annonce :