Pour cet été, plutôt que de vous donner à lire de longues critiques, je vous propose une liste de 50 films que j’apprécie tout particulièrement afin d'échanger avec vous autour du cinéma. Pour réaliser cette sélection, je me suis astreint à des oeuvres que je n’avais jamais critiquées sur Chacun Cherche Son Film. De la même manière, les longs-métrages retenus devaient appartenir à des genres différents. C’est ainsi que vous trouverez aussi bien de la comédie que du cinéma fantastique ou érotique, et même du cinéma d’auteur français ! J’espère que cette sélection vous fera réagir et vous surprendra tout en vous faisant découvrir de petites perles.

En quelques lignes, j’essayerai pour chaque long-métrage de vous expliquer pourquoi cette oeuvre compte pour moi afin de vous donner envie de le voir ! N’hésitez pas à commenter sur les réseaux sociaux !

#19 Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban d'Alfonso Cuarón

Le film en VOD et 4K : Lien

À l’instar de ses compatriotes mexicains tels que Guillermo del Toro ou Alejandro González Iñárritu , Alfonso Cuarón navigue avec aisance entre Hollywood et le cinéma d'art et d'essai afin de nous offrir des oeuvres fortes telles que Les Fils de l'homme ou Roma . Le garçon aura même réussi l’exploit d’apposer son style personnel à une franchise (Harry Potter) où les contraintes de production sont énormes. À l’origine, del Toro avait été envisagé par la production pour tourner le film. Occupé sur d’autres projets, il a suggéré le nom de Cuarón à Rowling qui finit par valider ce choix après avoir découvert son sulfureux Y tu mamá también.

Quand on découvre Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban , il est clair que Cuarón a tenu à s’éloigner de l’approche de Chris Columbus sur les deux premiers volets. Nous passons ainsi d’une mise en scène classique et décorative à une réalisation s’articulant autour de plans séquence dantesques, où Cuarón fait preuve d’une grande inventivité. La réalisation du réalisateur mexicain sur Harry Potter est vraiment une synthèse parfaite entre le cinéma forain par le biais de fermetures à l’iris et le cinéma contemporain où la caméra s’affranchit des limites spatio-temporelles grâce à l’image de synthèse.

Le réalisateur a refusé de suivre docilement la trame du livre de Rowling. Il supprime ainsi certains passages du livre et vire les costumes de magicien des élèves de Poudlard. Il fait également le choix de faire voler les Détraqueurs et invente de nouvelles péripéties. Ces modifications entraîneront la colère de certains fans de Potter à la sortie du film alors que Cuarón a signé le meilleur opus de la saga.  Le cinéaste mexicain transforme ici une commande à 150 millions de dollars en un drame bouleversant sur la préadolescence. Tout simplement l’un des meilleurs blockbusters de ces 30 dernières années !

 

# 18 Phenomena de Dario Argento

Le film en VOD : https://www.filmotv.fr/film/phenomena/2119.html

Après avoir signé un giallo avec Ténèbres qui poussait tous les curseurs du genre à leur paroxysme, le maestro italien Dario Argento revient avec Phenomena au cinéma fantastique. Cependant, n’espérez pas retrouver ici la mise en scène baroque de ces films de sorcières comme Suspiria . En effet, avec Phenomena , le cinéaste cherche à se réinventer et choisit de tourner dans la campagne suisse. Il rompt ici avec les grands ensembles urbains qu’il a magnifiés durant sa carrière. Il adopte également une photographie où domine le blanc et le noir alors qu’il était connu pour être un peintre des couleurs. Enfin, Phenomena est plutôt sobre dans le domaine de la violence.

Pour l’une des premières fois dans sa carrière, ses protagonistes principaux font preuve d’une grande humanité et sont réellement attachants, que ce soient notre jeune héroïne ou le vieux professeur d’anthropologie. Il faut savoir qu’au moment du tournage, Argento vivait alors la fin de son mariage avec Daria Nicolodi. Dans ce film très personnel, alors que sa famille est vouée à vivre des moments difficiles, il souhaite délivrer un message à ses filles sur la nécessité de voir au-delà des apparences et de vivre sa différence. Malgré sa musique rock parfois trop envahissante, Phenomena reste l'une des oeuvres d’Argento qui laisse le plus de souvenirs à ses spectateurs une fois les lumières de la salle de projection rallumées. Un long-métrage envoûtant et sincère, à voir et à revoir !

 

#17 Le Jouet de Francis Veber

Le film en VOD : https://www.canalplus.com/cinema/le-jouet/h/647019_40099

Déjà scénariste vedette du cinéma français avec Le Grand Blond avec une chaussure noire , Le Magnifique ou bien L'Emmerdeur , Veber se voit offrir la possibilité au milieu des années 70 de tourner l’un de ses scénarios de jeunesse grâce à Claude Berri . Avec Le Jouet , le primo-réalisateur signe un monument de la comédie française qui, au-delà des rires qu’il provoque, propose une analyse pertinente des rapports de classes. De plus, dès ses débuts derrière la caméra, Veber fait preuve d’un excellent tempo comique et montre des prédispositions pour la direction d’acteurs.

Le Jouet est mon film préféré de Francis Veber car il arrive à concilier ici l'humour et l’engagement social par le biais d’une peinture au vitriol de la fin des trente glorieuses. L’histoire de cet homme prêt à devenir le jouet du fils capricieux d’un milliardaire par peur du chômage, est en effet le reflet d'un système de l’offre et de la demande où les puissants agissent comme des despotes, profitant de la lâcheté de la population. Quand on voit Coup de tête ou Le Jouet , on peut regretter que Francis Veber ait privilégié dans sa carrière la comédie franchouillarde et inoffensive pensée pour TF1 alors qu'il possédait une plume bien plus subversive dans ses premiers travaux.

Trop peu cité à mon goût dans la filmographie de son auteur, Le Jouet concilie avec bonheur comédie populaire et message social. Un grand film tout simplement !

 

#16 Legend de Ridley Scott

Le film en Blu-Ray : Lien

Legend serait-il le plus beau film jamais réalisé ? Je serais franc avec vous, je ne suis pas loin de le penser. Après avoir signé un Blade Runner déjà splendide, Ridley Scott, inspiré par ses études aux beaux arts, nous donne à voir ici des plans pensés comme des toiles de maître où chaque détail semble avoir fait preuve d’un soin monomaniaque. Il est épaulé dans son entreprise par l’immense Alex Thomson , le chef opérateur d’Excalibur surnommé "Captain Kilowatt", qui multiplie les projecteurs sur le plateau afin de créer une lumière artificielle qui n’a rien a envier aux "peintres de la lumière" tels que Turner. Il faut également citer le travail de Rob Bottin sur le grand méchant du film prénommé Darkness, qui est l’une des plus impressionnantes créatures fantastiques jamais créées au cinéma (et sans la moindre image de synthèse !). Tous les techniciens ont vraiment donné le meilleur d’eux-mêmes alors que les décors avaient brûlé au début du tournage, obligeant Scott à revoir sa copie en matière de direction artistique.

Legend sera cependant mal reçu par la presse qui tire à boulets rouges sur son scénario qui serait trop basique. Si celui-ci semble simple en apparence, il s’avère néanmoins plus subtil que la critique veut bien le dire avec une héroïne moins aseptisée que dans les dessins animés inspirés par les contes de chez Disney. À ce titre, le film est à voir dans son directors’s cut (disponible en Blu-Ray) avec une conclusion bien plus féministe que dans le montage européen que l’on connaît.

Legend est un joyau. À voir absolument !

 

#15 L'Homme des hautes plaines de Clint Eastwood

Le film en VOD : https://www.canalplus.com/cinema/l-homme-des-hautes-plaines/h/677626_40099

Deuxième film réalisé par Clint Eastwood et déjà un chef-d’oeuvre ! L'Homme des hautes plaines écrit par Ernest Tidyman (Shaft , French Connection ) fut chahuté lors de sa sortie dans l'hexagone par la critique française de l’époque qui qualifia le film de nazi à cause de la présence de Clint Eastwood devant et derrière la caméra. À cet égard, il faut se souvenir que de nombreux journalistes français ont pendant longtemps descendu les films de l’ami Clint à cause de l’imagerie prétendument développée dans L'Inspecteur Harry avant de pendre conscience de la profondeur de son cinéma. Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous ! Outre cette réception critique désastreuse, la version française (mais également portugaise, espagnole…) est à proscrire, car elle reprend la conclusion du script original que Eastwood fit modifier. Le dernier dialogue en V.O. est essentiel, car il donne tout son sens à un récit aux frontières du fantastique où une ville est repeinte en rouge et surnommé Hell par notre héros.

L'Homme des hautes plaines est un film violent, parfois craspec, qui met fin à l’imagerie positive de l’Ouest que Leone avait commencé à remettre en cause en Italie. Eastwood met ici en scène la lâcheté des habitants d’une petite ville bientôt assiégée par des malfrats. À ce titre, le personnage d'étranger qu’il incarne est loin d’être un héros. Il est en effet difficile de s’identifier à un protagoniste qui n’hésite pas à maltraiter les autres.

L'Homme des hautes plaines est film ambigu moralement, mais aucunement fasciste. Clint Eastwood considère tout simplement que la civilisation et l’ordre social ne sont que des outils pour masquer la corruption et les bassesses de l’être humain. Pour lui, un collectif ne sert à rien car il est au service du plus fort de la meute.

Parfaitement écrit et réalisé, L'Homme des hautes plaines est tout simplement l’un des meilleurs westerns vus au cinéma !

Mad Will

Je vous donne rendez-vous dans deux semaine pour cinq nouveaux films !