S'il y en a bien un qui s’y connait en confinement, c’est Thomas Pesquet. Avec 196 jours passés dans la station spatiale internationale, le spationaute le plus cool de la galaxie a vécu une épopée incroyable que Pierre-Emmanuel Le Goff a su mettre en images dans son documentaire :  16 levers de soleil . Disponible sur UniversCiné : https://www.universcine.com/films/16-levers-de-soleil

La critique :

Peut-on être nostalgique d'un voyage que l'on n'a pas fait physiquement ? Assurément. C'est en tout cas la sensation que l'on a après avoir passé près de deux heures en compagnie de Thomas Pesquet dans la station internationale. C'est que là haut, à quatre cent cinquante kilomètres de la surface, on a un peu la sensation de flotter, comme dans un rêve de coton. Sous nos yeux le temps s'arrête, on regarde le quotidien des astronautes, comment ils se rasent, comment ils travaillent, comment ils mangent et puis... Et puis il y a l'espace. Pas un Espace de science fiction, pas une image de synthèse non... De 2001 à Gravity, de Kubrick à Cuaron, aucun n'arrive à la cheville de ces images là. La force du réel.

De vraies images de lever de Soleil, de la couleur orangée de l'atmosphère, de la profondeur du vide et puis la Terre plus étincelante et colorée qu'on ne l'a jamais imaginée. On reste estomaqué par notre bonne vieille Terre, que l'on contemple là, sous nos pieds. Alors quand Thomas, tout en scaphandre, ouvre l'écoutille et sort dans le vide sidéral, notre respiration s'arrête et nos tripes se nouent. C'est beau et terrifiant à la fois de se jeter comme ça dans le rien, les pieds en avant. Dans nos oreilles le souffle de Thomas s'accélère. Il a beau être un professionnel surentrainé, un héros aguerri, au moment de mettre un pied  dehors sa respiration trahit son émotion avant que son self-control ne reprenne le dessus. Quelques secondes où l’émotion le submerge, quelques secondes où nos cœurs battent la chamade avec le sien.

Rien ne nous prépare à ça, et certainement pas les images d'archives de la NASA des missions Apollo que l'on a vu en boucle à la télévision. Dans nos têtes la conquête spatiale avait le quelque chose de suranné des images sépia des années soixante, soixante-dix, jusqu'aux drames de Challenger et Columbia. Depuis, l'Espace était devenu, comme le reste, une histoire de gros sous, d'entreprises privées participant à une course à l'échalote à enjeux financier. Le rêve avait disparu. Bien sûr la présence d'un français dans l'espace est toujours un petit événement, mais cela fait bien longtemps que les décollages de la fusée Ariane ne font plus la une des journaux. Ils font au mieux un petit encart, coincé entre une réclame pour une exposition d'art moderne et un appel au secours d'une association. Cependant Thomas a changé cela. Connecté aux réseaux sociaux, l'ancien pilote de ligne d'Air France, il vous a peut-être conduit en vacances, nous a fait vivre le quotidien des spationautes à travers ses vidéos, ses blagues, sa musique et sa poésie. Cependant 16 levers de soleil passe l'étape du dessus, parce que son réalisateur capte la magie de ce quotidien, la met en image et en musique. Il ne s'agit pas d'un documentaire qui explique quoi que ce soit, mais d'un film qui nous fait ressentir les choses et replace des étincelles dans nos yeux.

Ground Control to Major Thom.

Gwenaël Germain

Un film à explorer sur Univers ciné : https://www.universcine.com/films/16-levers-de-soleil

 

La bande annonce :