Mad Will vous propose durant l'été de retrouver ses critiques de films cultes. Aujourd'hui, je vous offre un focus sur un long-métrage à sketches signé par John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante, et George Miller.

Que raconte le film La Quatrième Dimension ?

En pleine nuit, sur une petite route des Etats-Unis. Deux hommes sont dans une voiture. Pour passer le temps, ils se racontent des histoires. Ils décident de jouer à se faire peur. Suivent quatre saynètes d'épouvante : Bill Connor est un homme aigri. Rien dans la vie ne lui a réussi et il exprime sa peine à deux de ses amis, dans un bar. Des voisins de table n'apprécient pas ses propos racistes. - Dans un hospice de vieillards, Bloom rend leur jeunesse aux pensionnaires. - Un garçon malveillant retient des gens prisonniers dans un univers inspiré par des dessins animés. - Un passager est terrorisé à l'idée de prendre l'avion. L'attitude sécurisante des hôtesses ne suffit pas à calmer son angoisse...

Cette relecture de la série culte des années 50 prend la forme d’un film à sketches qui est considéré comme maudit en raison de son tournage problématique. En effet, durant les prises de vue du premier segment par John Landis, un accident d’hélicoptère provoquera la mort de l’acteur Vic Morrow et de deux jeunes enfants engagés illégalement. Ce tragique événement plombera la carrière de John Landis qui disparaîtra plusieurs mois pour échapper à la presse. (voir l'attitude un peu lâche de Spielberg dans notre article sur Le temple Maudit).

La quatrième Dimension est composée de quatre segments tournés par 4 réalisateurs différents. Soyons francs, les sketches sont inégaux. Le court-métrage de Spielberg est à ce titre le plus faible des 4. Le papa d’E.T.  nous donne à voir un film dégoulinant de bons sentiments et très ennuyeux. La rumeur voudrait que les problèmes de production sur le film aient conduit Spielberg à changer au dernier moment de scénario.  Mauvais choix de sa part, il signe un Cocoon de prisunic qui met en scène Scatman Crothers, le cuisinier télépathe de Shining.

Landis fait un tout petit mieux avec une adaptation d’un épisode de la série originale appelé «La Grandeur du pardon ». Cependant, son sketch souffre d’un scénario trop simpliste avec un raciste qui se retrouve à voyager dans le temps en vivant les souffrances des opprimés. Avec son acteur principal mort dans l'accident, le film a dû être réécrit et remonté à la hâte par un Landis qui n’avait plus la tête à ça.

Par contre le troisième sketch de Joe Dante est une merveille qui explique pourquoi j’ai sélectionné cette version cinéma de La Quatrième Dimension. Le papa des Gremlins nous plonge dans la psyché d’un enfant dont les désirs se matérialisent. Sans trop vous en révéler sur l’intrigue, ce qui serait un crime de lèse-majesté concernant La Quatrième Dimension, son film allie avec une intelligence rare l’humour et la peur. Il arrive également à se réapproprier l’univers original de la série tout en y apposant son style inspiré des cartoons américains. Certains plans du film ont littéralement terrifié l’auteur de ces lignes qui avait découvert le film jeune. Maestria de la mise en scène, casting de haute volée, cette relecture horrifique d’Alice au pays des merveilles est à découvrir de toute urgence.

Enfin le dernier court-métrage  Cauchemar à 20 000 pieds  est également une réussite. Un John Lithgow démentiel croit apercevoir sur l’aile d’un avion un monstre qui tente de détruire l’appareil. L’homme perd-il la tête ? Le final nous donnera la réponse non sans une certaine ironie.

La Quatrième Dimension est une oeuvre que certains de ses réalisateurs souhaitent oublier, mais qui reste à voir pour ses deux derniers sketches qui sont des réussites. C’est aussi dans l’histoire du cinéma, un film qui a fait changer les conditions de tournage aux USA qui sont devenues ensuite beaucoup plus drastiques question sécurité.

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