Avertissement : ce film est déconseillé aux âmes sensibles.

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La critique :

Piet (Adam Ild Rohweder) est un étudiant en informatique mal dans sa peau, excessivement timide, inadapté et asocial, pour résumer la caricature du geek. Question sentiments, cela ne va pas loin et il assouvit ses besoins sexuels par écrans interposés. Alors forcément, quand il se trouve confronté à sa première tentative d’expérience sexuelle physique, avec une de ses condisciples, Klara, (Paulina Galazka), cela se passe évidemment très très mal.

Ce qui est dérangeant dans ce film, c’est qu’on ne sait jamais où l’on va. En effet le réalisateur, loin d’attribuer un rôle clair aux actants du scénario, brouille sans cesse les pistes, faisant du plus monstrueux une victime et de la plus innocente une coupable complice. Ce qui est dénoncé ici, plus que les personnages, c’est le monde dans lequel nous vivons, sans sentiments, à l’instar d’un programme informatique qui est la passion de Piet. À ce titre, le personnage le plus humain serait paradoxalement la call-girl derrière sa webcam, inaccessible donc. Cette sensation de vide émotionnel est renforcée par un décor minimaliste et une mise en scène plus que sobre, chaque élément du film étant réduit à son rôle fonctionnel.

Contrairement aux films gore dans lequel le sang coule à flots, ici le sang est réduit à la portion congrue. Il tache les vêtements, le carrelage et les meubles de la salle de bain, pour montrer la réalité du crime et l’aveuglement de ceux qui ne veulent rien voir. Ce sang définit le criminel qui le dissémine, mais surtout cette obsession sociale de ne pas laisser de traces. En effet, chacun est aveugle à ce qui l’entoure, aux traces qu’il pourrait laisser comme à celles que les autres laissent.

 

 

C’est la démonstration d’une immense maladresse généralisée qui fait que le monde décrit dans le film est tout sauf accueillant. Ce qui au passage renforce notre empathie de spectateur pour le héros monstrueux qu’est Piet. En cela le titre du mémoire de Piet « Traces invisibles » illustre parfaitement le propos du film. Les traces nous les laissons, mais personne n’est là pour les voir. Les sentiments, nous pouvons les avoir, mais à quoi servent-ils, si personne n’est là pour les remarquer, les accueillir et les faire grandir ?

Au final nous avons un film qui en parlant de l’insensibilité, nous amène à nous interroger sur notre propre sensibilité. Comment disais-je ? Âmes sensibles s’abstenir ? Non plutôt, âmes sensibles prenons le pouvoir !

L.S.

La bande annonce :