Comme chaque année, un vent glacial venu du nord semble avoir envahi la planète. Il suffisait de se promener dans la nuit de dimanche à lundi vers 3 heures du matin, pour remarquer une constellation de postes allumées. C’est un fait ! Cette ultime saison de Game of Thrones est un évènement planétaire qui a embrasé la toile  comme les dragons de Daenerys ont enflammé les troupes des Lannister sur le champ de bataille.

Je ne vous ferai pas ici l’affront de résumer les 7 premières saisons inspirées par les livres de George Martin. Si vous n’avez jamais vu Le Trône de fer, il y a peu de chances que vous le regardiez à présent. Et puis, je vais être franc avec vous, je ne me sens pas la force de me lancer dans un long résumé avec PowerPoint qui durerait aussi longtemps qu’un débat pour les Européennes sur France 2. Simplement, si on devait expliquer Game of Thrones en quelques mots, je dirais que c’est l’improbable rencontre entre Les rois maudits pour les enjeux politiques, Santa Barbara pour les coups fourrés à répétition, Excalibur pour son caractère chevaleresque et merveilleux, et enfin le film érotique de M6 du dimanche soir (sur lequel vous tombiez dessus par hasard chaque semaine alors que vous vouliez regarder Culture Pub), pour la nudité généreuse offerte par la série.

J’aime beaucoup Game of Thrones même si j’ai conscience que la série est loin d’être parfaite. La raison principale de mon amour pour ce show est son sujet original à une époque où les services marketing ont pris le contrôle de l’artistique. Je dirais que le succès planétaire de cette série est un contre-exemple dans un monde où Disney reproduit la même formule super-héroïque à coup de budgets gargantuesques, qui finiront par mettre en danger l’entreprise quand les goûts du public changeront.

Il ne faudrait pas oublier que Game of Thrones appartient à un genre, la fantasy, longtemps considéré comme trop geek et excluant par les studios. Vous m’argumenterez que le genre super héroïque fut longtemps présenté comme un repaire de nerds. Mais les ventes de comics et le box-office de 300 millions de dollars du Superman de Donner ne sont tout de même pas comparables avec les 50 millions de dollars récoltés au même moment par le film Conan et les recettes en librairie des livres avec des dragons et des gobelins. Depuis, il y a eu la trilogie de Peter Jackson, la fantasy est devenue plus vendeuse, et ce n’est pas un hasard si la saison 1 du Trône de fer mettait en vedette Sean Bean, déjà vu dans l’adaptation de Tolkien. Mais comment imaginer à l'époque que la terre entière se passionnerait pour une adaptation d’un écrivain quasi inconnu du grand public, concepteur d'un récit complexe, hautement politique, où les joutes verbales sont plus fréquentes que les combats à l’épée. À son lancement, Game of Thrones, avec ces héros qui meurent dès la première saison, était donc un pari sacrement osé de la part de HBO.

La critique de l'épisode  (ne contient que des spoilers !)

Tout commence par un nouveau générique où nous découvrons le mur censé retenir Les Marcheurs Blancs qui a été détruit. N’étant pas un Sherlock Holmes dans l’âme, je ne reviendrai pas sur les multiples indices disséminés par cette nouvelle présentation qui a déjà été analysée et suranalysée par une cohorte de fans qui ont passé le générique au ralenti.

La première séquence suit alors un jeune garçon qui escalade différents obstacles, dont un arbre, afin de voir l’arrivée des troupes de Daenerys. Cette scène répond à une séquence du premier épisode de la série où Bran et Arya Stark mettaient tout en oeuvre afin d’observer l’arrivée du roi d’alors : Robert Baratheon.  L’épisode va ensuite multiplier les dialogues pour créer du liant entre tous les personnages et faire avancer son récit. Malheureusement, ces échanges semblent un peu trop mécaniques et ralentissent beaucoup le rythme alors que les deux showrunners n’ont qu’une poignée d’épisodes pour finaliser leur saga. Mais surtout, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi les protagonistes ne se sont pas dit ces informations bien avant, ce qui aurait pu épargner certaines longueurs dans les saisons passées. Mais avec un tel univers, il est clair que le scénario est obligé de résoudre ces sous-intrigues d’une façon parfois un peu téléphonée, voir vite expédiée comme avec l’évasion de Yara Greyjoy aidée par son frère qui semble avoir appris en moins de trois jours les techniques millénaires des ninjas.

Ce premier épisode me donne l’impression que les deux showrunners commencent à trop s’appuyer sur les bonnes vieilles ficelles hollywoodiennes depuis que la série a pris de l’avance sur les romans (il reste deux livres à finaliser à Martin). Nous n’avons pas encore les ewoks, mais cet épisode nous propose une caractérisation des personnages assez simpliste et manichéenne. Ainsi, à Winterfell, les bons sourient, se prennent dans les bras et nous avons même une ballade romantique à dos de dragon avec sourires ultra-bright et yeux de biche entre Daenerys et Jon Snow ; une séquence inutile qui pose de sérieux problèmes d’un point de vue dramatique. En effet, depuis le début de la série, les auteurs ne cessent de nous répéter que seuls les targaryens peuvent dompter les dragons. Le problème c’est que personne ne semble se souvenir de cette règle immuable, à commencer par Snow, Daenerys et leurs conseillers. Si Winterfell et ses héros sont présentés très positivement, les auteurs de la série nous montrent les opposants des Stark de façon caricaturale. Résumés à la seule luxure, Cercei ou Euron Greyjoy sont des méchants avec rictus diaboliques qui ne peuvent être sauvés et qui pourraient devenir copains avec Palpatine sur l’Étoile Noire.

Néanmoins, la conclusion de l’épisode reste quand même intéressante avec une scène horrifique digne du jeu Silent Hill, où l’on retrouve un enfant attaché à une étrange structure faite de restes humains. Une séquence mystérieuse qui nous rappelle que les scénaristes avaient un peu oublié le sujet principal de la série durant ce premier épisode :  Les Marcheurs Blancs.

SI vous aimez Game of Thrones, vous passerez néanmoins un excellent moment devant Winterfell. Il ne faut pas oublier que cet épisode n’est pas là pour nous surprendre ou pour nous étonner, mais nous rappeler les intrigues et les enjeux des saisons passées.

La destination sera-t-elle à la hauteur du chemin parcouru pendant huit années ? La réponse avec la critique de l’épisode final dans quelques semaines !

Mad Will