Le maître français de l'animation Michel Ocelot propose avec Dilili à Paris une enquête originale dans la ville lumière. Guidée par le livreur Orel, une petite Kanake métisse nommée Dilili découvre les différents lieux de la ville et nombre de ses plus fascinantes personnalités. Un film à voir en famille pour le plaisir de tous.

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La critique :

Dans le Paris de la Belle Époque, guidée par le livreur Orel, une petite Kanake métisse nommée Dilili découvre les différents lieux de la ville et nombre de ses plus fascinantes personnalités. Dans leurs pérégrinations, ils sont témoins d'enlèvements de petites filles revendiqués par les Mâles-Maîtres, un réseau clandestin obscurantiste qui terrorise la population parisienne en menaçant de rééduquer les femmes pour leur faire perdre leur goût croissant pour l'indépendance. Aidés par les hommes et les femmes d'exception de cette période de rayonnement de la culture française, les deux amis tentent alors de remonter la piste des kidnappeurs jusqu'à leur repaire secret pour pouvoir démanteler leur réseau.

Après nous avoir plongés dans les univers chatoyants de civilisations extra-occidentales, Michel Ocelot a voulu rendre hommage à la beauté de Paris. C'est donc à partir de photos qu'il a prises des endroits les plus emblématiques comme les plus confidentiels de la ville-Lumière qu'il a constitué le décor de l'intrigue de son nouveau conte humaniste. Tournant délibérément le dos aux techniques de 3D réalistes qui de son point de vue sont incapables de susciter le rêve comme le fait une belle 2D stylisée, Michel Ocelot conserve une esthétique proche de celle qui avait déjà tant séduit dans Kirikou ou Azur et Asmar. Le contexte parisien n'empêche pas le réalisateur d'utiliser le spectre le plus étincelant de la gamme chromatique avec lequel il sait si bien nous éblouir de film en film. Pas loin d’égaler l’éclat de la case de Karaba, les appartements décorés dans le style Art nouveau ou le lac souterrain secret de l'Opéra lui fournissent l’occasion de déployer tout son art.

L'admiration de Michel Ocelot pour un très grand nombre de personnalités de la Belle époque, à laquelle s'ajoute sa passion pédagogique, transforment parfois Dilili à Paris en passage en revue à la densité un peu indigeste. Reconnaissons-lui la circonstance atténuante d'inscrire cette pratique dans un aspect symbolique important du scénario : la recherche par sa jeune protagoniste du métier qu'elle pourrait exercer plus tard. Parmi la profusion d’artistes et de scientifiques qui défilent sous les yeux de Dilili figurent en effet quelques-unes des premières femmes à exercer des métiers jusque-là exclusivement masculins, un éventail de portraits de pionnières dont on comprend aisément l’intérêt éducatif.

Pour terminer sur une note positive et musicale, saluons la qualité des dialogues, toujours piquants, mais aussi des chansons, aussi poétiques qu’édifiantes, sans oublier les magnifiques compositions originales de Gabriel Yared. Tous ces éléments qui viennent flatter l'oreille et le cœur du spectateur complètent à merveille l'épopée parfois sombre mais le plus souvent lumineuse que nous offre le maître français de l'animation.

Florine Lebris