C’est à hauteur du peuple, et particulièrement des femmes, que Pierre Schoeller filme les années de révolution, de la Bastille jusqu’à la mort du Roi, en passant par le massacre du Champ de Mars et les premières assemblées. Une fresque historique de plus, mais pas superflue. (Toute relation avec la situation contemporaine est bien sûr un pur hasard)

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La critique :

14 juillet 1789, les Parisiens prennent la Bastille et rendent à leur ville la lumière. Littéralement dans le film de Pierre Schoeller : les briques tombent unes à unes et les rayons du soleil illuminent le visage de Solange (Noémie Lvovsky) et Françoise (Adèle Haenel). C’est à hauteur de ce peuple, et particulièrement de ces femmes, que l’auteur de L'Exercice de l’Etat filme les années de révolution, de la Bastille jusqu’à la mort du Roi, en passant par le massacre du Champ de Mars et les premières assemblées.

L’occasion de réviser son Histoire mais aussi de l’aborder autrement que du point de vue monarchique (incarnée ici par un Laurent Laffite à l’oeil vitreux) et de se concentrer sur des scènes quotidiennes des lavandeuses, du souffleur de verre (Olivier Gourmet) et du voleur de poules gracié (Gaspard Ulliel), qui refusent de « passer leur vie à la gagner ».

Les protagonistes habitués des films de révolution françaises sont ici moins présents, mais leurs furtives apparitions suffisent : Denis Lavant en Marat qui, au-delà de posséder évidemment le physique de l’emploi, excelle dans ses coups de sang à l'assemblée, tandis que Louis Garrel en Robespierre qui ne joue ici pas les beaux parleurs comme il en a coutume, mais se démarque par sa sobriété glaciale propre à l'Incorruptible.

Si le film n'échappe pas à certaines difficultés propres aux films en costumes, ses combats de bons mots pas toujours crédibles (en partie à cause du casting façon défilé Saint Laurent), et le recours obligatoire à l’artifice (perruques, maquillage et fausse poussière) parfois raté, il confirme que Pierre Schoeller est un vrai metteur en scène. Il oscille entre ombre et lumière qui balayent les regards tantôt inquiets tantôt épris d’espoir des révolutionnaires. Il filme un cheval noir désorienté dans les Tuileries, une image d'accalmie qui reste en tête, tout comme la frénésie et l’énergie politique des scènes de confrontation entre un peuple et son roi. Une fresque historique de plus, mais pas superflue.

Suzanne Dureau

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La bande-annonce :