Très attendu, Climax , le dernier film de Gaspar Noé ne décevra pas ses fans. Nous avons fait de cet Objet Filmé Non Identifié notre film de la semaine.

La critique :

Les films de Gaspar Noé se voient une fois, et au cinéma. La formule est de nouveau applicable pour Climax, le cinquième long métrage du sulfureux réalisateur.

Devant un drapeau français pailleté, dans un plan séquence époustouflant, une troupe de danseurs répète  une dernière fois sa chorégraphie avant de s’abandonner à une fête alcoolisée.

Soudain l’un d’entre eux délire : la sangria a été empoisonnée. Tous commencent alors à ressentir les effets indésirables du cocktail arrangé…

L'expérience Climax est douloureuse, bruyante, et agressive, au point qu’on croit tous aussi avoir bu dans le verre drogué d’un de ces danseurs agité. La musique est forte et ne s’arrête jamais. La danse est étrange, comme celle d’une meute agitée dont certains protagonistes se démarquent par la façon d’onduler les corps. On discerne ainsi Selva, la chorégraphe (Sofia Boutella) et David le séducteur (Romain Guillermic). Leur point commun à tous c’est le désir insatiable d’excès, de drogue et de sexe. Leur monde d’adulte est atterrant. Entre leurs jambes engourdies circule un enfant. “Naître est une opportunité unique”, nous dit plus tard un carton.

Soudain la lumière s’éteint, mais la musique continue et les corps ne sont plus que des silhouettes noires dans le brouillard rouge des issues de secours que personne ne prend. Noé peut alors donner toute sa mesure dans l’image ultra stylisée dont il raffole.

Infanticide, adultère, inceste et suicide se suivent au rythme des pas effrénés de la troupe. “Vivre en communauté est impossible”, lit-on alors.

L’arrivée de la police n’est pas un sauvetage, les hommes restent sans voix devant le désastre que seuls les chiens parviennent à commenter de leurs aboiements sans discontinu. ”La mort est une expérience formidable”. Oui, car ceux qui sont déjà morts ont sans doute fait le meilleur choix.

Gaspar Noé n’en fait décidément qu’à sa tête, balance le générique de fin en ouverture, et celui de début au milieu du film. Quand l’image devient noire et silencieuse, c’est comme une main qu’on aurait enfin mise sur une bouche insupportable et plaintive : une délivrance. 1h35, on se dit que c’est trop long, et pourtant le supplice est agréable. Les lumières se rallument et il se passe quelque chose : on veut continuer de danser.

S.D.

La bande annonce :