Le bon grain et l'ivraie est un documentaire de Manuela Frésil qui confronte le spectateur à la vie d'enfants réfugiés tourné sur une année à Annecy et ses environs entre les étés 2015 et 2016. Ces enfants dont les images souriantes et solaires nous émeuvent ne devraient-ils pas avoir le droit de grandir comme les nôtres ?

La critique :

Réalisé par Manuela Frésil, Le bon grain et l’ivraie est un documentaire sur des familles de réfugiés, tourné sur une année à Annecy et ses environs entre les étés 2015 et 2016. La réalisatrice se focalise sur les enfants, Albina, Vanessa, Burim… et présente leur histoire collective. La caméra capte leur dure vie, conséquence des lois et décrets promulgués en France sur les réfugiés sans papiers et en demande d’asile. Des textes qui seront appliqués avec plus ou moins d’humanité et de rigueur par les préfets. Pourtant ces enfants ne demandent qu’à avoir une vie d’enfant stable, à étudier et à jouer. Une vie qui leur est cependant interdite, d’une part à cause de la menace permanente d’une expulsion  qui sera forcément inutile car de nombreux expulsés reviennent aussitôt face aux dangers qu’ils encourent dans leur pays, d’autre part parce que les déménagements sont incessants, de foyers en hôtels sociaux et de centres d’accueil à… la rue. Car quand le lieu d’hébergement ferme, pour la journée ou pour de longs mois, la famille n’a pas forcément retrouvé un logement en dur.

 

Ces enfants ont suivi leurs parents dont ils ne connaissent pas toujours précisément l’histoire, et le spectateur non plus car le documentaire prend avant tout le point de vue des plus jeunes. Mais on la devine par bribes, ou par l’insert de lectures de compte-rendu de l’Office Français Pour les Réfugiés et Apatrides, des récits de guerre et de ses atrocités, viols, menace de mort et autres tortures.

 

Pourtant ils ont la soif d’apprendre, quelques soient les conditions. Sur un coin de table, dans un parc, on les voit faire leurs devoirs, apprendre leurs leçons, dessiner, et s’amuser ensemble. Leurs jeux sont aussi ce qui leur permet d’entamer une certaine résilience, d’échapper à l’angoisse de la situation et à l’anxiété de leurs parents. Et ce sont dans ces moments-là que le film questionne le plus le spectateur : ces enfants dont les images souriantes et solaires nous émeuvent ne devraient-ils pas avoir le droit de grandir comme les nôtres ? C’est bien ce que dit la loi sur la protection de l’enfant et la déclaration internationale des droits de l’enfant signée par la France. Mais malheureusement nous vivons dans un monde où respecter le droit ne va pas toujours de soi.

Laurent Schérer

 

La bande-annonce :