Avec son premier film, Les meilleures intentions, la réalisatrice Ana Garcia Blaya nous offre une tranche de vie d’une famille recomposée prise dans la tourmente de la crise économique argentine des années 1990. Un regard lucide sur les relations familiales et la place des femmes, aidé par le très bon jeu de la jeune actrice Amanda Minujin.

La critique :

Les meilleures intentions est le premier film de la réalisatrice argentine Ana Garcia Blaya.

Inspirée par ses souvenirs, la réalisatrice  nous offre ici une tranche de vie d’une famille où  le père Gustavo (Javier Drolas) et la mère Ceci (Jazmin Stuart) pratiquent la garde alternée de leurs enfants, dans le Buenos Aires de 1990.

Le film prend le point de vue de la fille ainée, Amanda (remarquablement interprétée par Amanda Minujin), âgée de dix ans, qui fait preuve d’une grande maturité. La gamine doit en effet compenser les manquements de son père qui pense presque exclusivement à ses conquêtes amoureuses, à fumer des joints et à sa musique. Cela n’empêche pas ses enfants de l’adorer, la réciproque étant aussi vraie. La situation, loin d’être idyllique, parvient néanmoins à un certain équilibre, sans trop de conflits, les ex s’entendant bien et discutant calmement de leurs obligations.

La réalisatrice va dénoncer les conditions économiques de son pays. En effet, c’est l’attrait d’un meilleur salaire pour le nouveau compagnon de Ceci qui motivera le déménagement vers le Paraguay qui perturbera l’équilibre des familles. De même, ce seront les faibles revenus de Gustavo qui l’empêcheront d’accueillir convenablement ses enfants.

Le film se veut donc un retour sur les conditions de vie des années 1990 en Argentine, tant d’un point de vue économique, que sur la place laissée aux femmes, tributaires des ressources du conjoint. Les « meilleures intentions » sont celles que chacun peut avoir pour faire au mieux, mais qui ne suffisent pas si l’environnement ne vous laisse pas de choix. Il faudra alors « se faire une raison » et s’arracher à ses rêves, chaque personnage devant peu ou prou trouver des ressources morales pour grandir.

Un film tendre et intimiste et un regard lucide sur la société argentine des années 1990 par une réalisatrice dont il faut saluer la maitrise dans la direction d’acteurs, surtout avec les enfants. Un premier long métrage tout à fait réussi.

Laurent Schérer

La bande-annonce :