Signé par le primo réalisateur chinois Gu Xiaogang, ce film poétique se déroule au gré des saisons comme un rouleau d’estampes, nous dévoilant ainsi le foisonnement de la vie à travers de magnifiques plans contemplatifs. Une œuvre qui compte en ce début de nouvelle décennie. À voir sans tarder sur UniversCiné : https://www.universcine.com/films/sejour-dans-les-monts-fuchun

La critique :

Lorsque se termine Séjour dans les monts Fuchun c’est avec bonheur que l’on voit apparaitre au générique « Fin du premier volet ». Ouf, il y aura d’autres films comme celui-là, deux autres étant prévus par le primo réalisateur chinois Gu Xiaogang. On les attend avec impatience tant ce Séjour dans les monts Fuchun est tout simplement un film d’une rare beauté. On ne se lasse jamais de ses images. Que ce soit dans les intérieurs, dans la ville ou dans la nature, en particulier dans la captation du mouvement de l’eau et de l’architecture des montagnes, la caméra semble toujours au bon endroit pour permettre au spectateur d’apprécier le cadre et la vie relatée par cette chronique d’une famille chinoise de quatre frères.

L’ainé, marié et père d’une jeune fille Gu Xi, tient un restaurant avec son épouse, le second est pêcheur et vit avec sa femme et son fils Yangyang dans son bateau, le troisième, célibataire, travaille dans le bâtiment et le dernier est un joueur invétéré qui est père d’un enfant trisomique nommé Kangkang.

À travers le récit de la vie familiale de ces quatre personnages et de leur mère âgée, le réalisateur peint avec précision le tableau d’une société chinoise en pleine évolution. Évolution des mœurs d’abord, les enfants ne veulent plus se laisser marier par leurs parents pour des motifs purement financiers et revendiquent le droit à l’amour, mais évolution économique aussi quand la nouvelle société condamne les citoyens chinois à ne plus pouvoir vivre de leur travail s’ils n’arrivent pas à s’adapter aux nouvelles règles. Parmi celles-ci la destruction et la reconstruction de quartiers entiers avec un bénéfice au passage pour les spéculateurs et autres magouilleurs, ou l’obligation de devoir payer pour se soigner. La finesse de vue du réalisateur fait que l’on n’est jamais dans la nostalgie du « c’était mieux avant » ou dans l’approbation de la « modernité ». Le film s’apparente en effet à un constat qui fait se côtoyer deux mondes, deux vérités, deux appréciations.

Film poétique qui se déroule au gré des saisons comme un rouleau d’estampes, entre un foisonnement de vie et de magnifiques plans contemplatifs, Séjour dans les monts Fuchun est une œuvre qui compte en ce début de nouvelle décennie. À voir sans tarder.

Laurent Schérer

Disponible aujourd'hui sur UniversCiné : https://www.universcine.com/films/sejour-dans-les-monts-fuchun

La bande-annonce :