Le film est disponible sur UniversCiné à cette adresse en VOD et HD: http://www.universcine.com/films/les-trois-mousquetaires-1

Je vous propose de revenir sur l'adaptation au cinéma du classique du roman de cape et d'épée signé par Alexandre Dumas et mis en scène par Richard Lester à travers deux articles. Aujourd’hui, j’évoquerai la genèse du projet tandis que demain je vous soumettrai la critique des Trois Mousquetaires et de sa suite On l'appelait Milady .

Je suis un grand amateur du cinéma de Richard Lester, le réalisateur entre autres de Help et A hard day's night . Mon interview sur le DVD et Blu-ray actuellement édité chez Rimini et disponible dans votre magasin de DVD habituel, témoigne de l’affection que j’ai pour le plus anglais des cinéastes américains. Concernant Les Trois Mousquetaires et On l'appelait Milady, il faut savoir que ces deux films arrivent après une succession d’échecs au box-office pour Lester qui n’est plus le cinéaste adulé du swinging London qui tournait avec les Beatles et gagnait la palme au Festival de Cannes avec Le Knack... et comment l'avoir. Ses derniers films, Comment j'ai gagné la guerre, Petulia et enfin L'ultime garçonnière, n’ont pas eu les faveurs du public et les distributeurs commencent à se méfier d’un cinéaste qu’ils considèrent passé de mode. Ainsi à partir de 1969, tous les projets où le cinéaste est associé n’arrivent pas à se monter jusqu’à l’appel du producteur Alexander Salkind à Richard Lester au début des années 70.

Les Trois Mousquetaires n’est pas un projet personnel initié par Lester mais bel et bien une œuvre de commande faite par la famille Salkind qui aura produit pour le cinéma des films comme Austerlitz d’Abel Gance, ou Le Procès d’Orson Welles, sans oublier le Superman de Richard Donner. Quand Alexander Salkin appelle Lester pour lui demander s’il est intéressé par l'adaptation des 3 mousquetaires, le producteur fait livrer dans l'heure une copie du roman au cinéaste pour lui permettre de se replonger dans les aventures de d’Artagnan qu’il avait lues dans son enfance. Il ne faudra pas plus de 250 sur les 700 pages que compte le classique de Dumas pour que Lester se décide à rappeler le producteur pour le rencontrer le lendemain même.

Lester, dès le premier rendez-vous, explique qu’il veut apporter sa touche personnelle au sujet par le biais de son regard iconoclaste et teinté de dérision. En effet, grand fan de Buster Keaton, il ne faut jamais oublier que le cinéaste a fait ses premiers pas de réalisateur avec Peter Sellers, il souhaite ici apposer son humour irrévérencieux et parfois surréaliste. Pour cela il compte remettre en perspective l’histoire que raconte le film en soulignant les différences de classe sociale tout en montrant l’extrême saleté de l’époque. Les producteurs ne s’opposent pas à sa vision si celui-ci dirige un casting de stars susceptibles de ramener des spectateurs dans les salles. L’accord est scellé et la recherche de comédiens "bankables" est lancée.

Le casting final compte des stars américaines comme Charlton Heston ou Faye Dunaway auquel le cinéaste adjoint des acteurs en devenir tels que Michael York qui venait de jouer dans Cabaret . Le film est également interprété par des comédiens reconnus et solides venant d’Angleterre comme Christopher Lee ou Oliver Reed. Enfin, en raison de la présence de capitaux venant de nombreux pays, on a le droit à un casting international. Ainsi, le français Jean-Pierre Cassel est engagé pour le rôle de Louis XIII. La quasi-totalité des acteurs fut sélectionnée et engagée par le réalisateur. Lester aura néanmoins déclaré dans les interviews d’époque que la production lui a imposé deux comédiens qu’il ne souhaitait pas voir devant sa caméra et dont il tait encore maintenant le nom. Au regard du peu d’intérêt que le réalisateur porte au personnage de Constance Bonacieux, je ne serais pas loin de penser que Raquel Welch qui exigeait la présence de son couturier sur le plateau, était seulement venue là pour apporter une touche de glamour afin de mieux vendre le film.

Lester va réussir l’exploit de mettre en boîte un film d’une durée de 3 heures et demie en 5 mois grâce à l’emploi de plusieurs caméras sur le plateau. Le réalisateur qui doit diriger des comédiens à fort caractère comme Oliver Reed (aussi talentueux qu’alcoolisé) et concilier les emplois du temps d’un Charlton Heston ou d'une Faye Dunaway, démontre une fois encore son efficacité légendaire. Une capacité à tourner rapidement qui pèsera lourd dans la balance lorsqu’il s’agira plus tard de convaincre Audrey Hepburn d’accepter le rôle de Marianne dans La rose et la flèche après des années d’inactivité.

Alors que le tournage fut plutôt idyllique malgré quelques blessures lors des combats ou des cavalcades à cheval, la décision assez tardive des producteurs de sortir finalement deux films au lieu d’un, va provoquer la colère de certains comédiens qui se sentent spoliés financièrement par les Salkind. Charlton Heston menacera ainsi la production d’un procès quand il apprendra au détour d’une page du magazine Variety, avoir joué dans deux films qui vont sortir à un an d’intervalle alors qu’il n’a reçu qu’un seul cachet.  Quant à Michel Legrand qui est en charge de la musique du film, sa bande originale est tout simplement remplacée par des compositions de Lalo Schifrin pour le second volet.

Il existe un troisième long-métrage autour des Trois mousquetaires signé par Richard Lester en 1989. Une oeuvre très éloignée de Dumas qui est loin d’être indispensable. Un souvenir douloureux pour le metteur en scène qui arrêtera sa carrière en raison de la mort de son ami, le comédien Roy Kinnear pendant une cascade à cheval durant le tournage.

En attendant une hypothétique édition des Trois Mousquetaires et de On l'appelait Milady sur supports Blu-ray, il existe un coffret DVD chez Studio Canal regroupant les trois films. Ce coffret est ainsi encore trouvable en occasion chez Rakuten. Néanmoins, ne dépensez pas plus de 10 / 15 euros (c’est le prix que j’ai payé pour une version sous blister) pour l'acheter. L'intégral se faisant de plus en plus rare, certains petits malins n’hésitent pas à mettre des prix exorbitants et nullement justifiés de l’ordre de 50 euros. 

À demain pour la suite de cet article autour de la saga de Dumas revue et corrigée par Richard Lester avec la critique des Trois Mousquetaires et de On l'appelait Milady !

Mad Will

P.S. : Je reviens ici exclusivement sur la période où Lester tournait l'adaptation des romans de Dumas. Si vous voulez plus de renseignements sur sa riche filmographie, je vous renvoie à mon article sur La rose et la flèche (et également aux suppléments du film en DVD et Blu-ray édités chez Rimini édition et distribués par ESC)