Le film est disponible en VOD : https://www.lacinetek.com/fr/tous-les-films/3212-evil-dead-2-sam-raimi-vod.html

Evil Dead a été à son époque un carton lors de sa sortie en VHS alors que le support commençait à se démocratiser. Toujours en quête de nouveaux talents, le producteur d’origine italienne De Laurentiis recrute alors son réalisateur et lui propose une adaptation de La peau sur les os de Stephen King dont il vient d’acquérir les droits. Sur les conseils de son agent, Sam Raimi suggère plutôt une suite à Evil Dead après l’échec cuisant de son second long-métrage Mort sur le gril qu'il a coécrit avec ses amis et anciens assistants Joel et Ethan Coen. Fan des premiers travaux du réalisateur et alors qu’il tourne Maximum Overdrive pour le célèbre producteur italien, Stephen King va profiter de son statut d’auteur vedette et militer pour que De Laurentiis produise le deuxième volet de la saga Evil Dead et non l’adaptation de son roman. Raimi envisage alors pour cette suite de plonger son héros Ash en plein moyen âge. Malheureusement, les 3 millions de dollars de budget alloué par De Laurentiis ne suffiront pas et Raimi va devoir s’orienter sur une suite / remake du premier volet. Ainsi cet Evil Dead 2 dans ses 20 premières minutes va reprendre certains passages cultes du premier film, pour ensuite développer sa propre histoire.
Porté par une mise en scène imaginative, ce deuxième volet est toujours un régal à voir et je vous invite vraiment à aller le découvrir en salles grâce à Splendor Films. Outre sa réalisation, ce long-métrage témoigne du talent incommensurable de l’acteur Bruce Campbell dans le rôle de Ash. Avec son visage élastique, l’acteur déborde d’énergie en s’appuyant sur un jeu hérité du burlesque où le corps est essentiel.

Que raconte Evil Dead 2 ?

Au volant de leur voiture, Ash et Annie s'enfoncent dans une forêt profonde. Ils font halte dans un chalet dont tout indique l'abandon. Annie s'affaire dans les placards tandis que Ash, curieux, appuie sur le bouton d'un magnétophone qui traîne sur une table, à côté d'un vieux grimoire poussiéreux. Il entend ainsi l'étrange confession du professeur Knowby, tout fier d'être parvenu à déchiffrer le fameux «Livre des Morts» que l'on croyait perdu depuis le XIVe siècle. A l'énoncé de certains noms, les forces du Mal, contenues dans le livre, se réveillent et se déchaînent. Annie disparaît et Ash se transforme en une hallucinante machine à tuer...

À l’instar de ses amis les frères Coen ou d’un James Cameron, Sam Raimi est un cinéaste qui a toujours recherché par le biais de sa caméra et peu importe les budgets, à créer une nouvelle forme de langage cinématographique. Son cinéma est avant tout visuel avec une caméra qui dicte l’histoire. Dans Evil Dead 2 , c’est le montage et le dynamisme de son découpage qui créent le récit et non le script du film qui tiendrait sur une fiche bristol. Prenons comme exemple son célèbre mouvement de caméra censé simuler les forces démoniques où la caméra avance au ras du sol à grande vitesse et se jette sur de pauvres victimes humaines. Jamais Raimi ne nous montre à l’écran l’entité menaçante en question, il utilise simplement la caméra comme un acteur du film pour la représenter.

Sam Raimi est l’héritier des cinéastes du muet. Il y a réellement chez lui quelque chose d’un Abel Gance ou même d’un Chaplin qui créaient des films où la mise en scène devait faire passer l’ensemble des informations sans avoir recours au son. Une volonté d’exploiter toutes les possibilités narratives qu’on retrouve dans un Evil Dead 2 , où les dialogues doivent tenir sur 3 pages et ne font jamais avancer l’histoire. Cette filiation avec le cinéma des premiers temps est d’autant plus vraie que l’on retrouve dans le film des surimpressions ou des plans sur les globes oculaires à la manière d'Un chien andalou . Enfn, la prestation de Bruce Campbell est digne de Buster Keaton à l’image de cette scène hilarante où sa main se rebelle contre lui.

Même si Evil Dead 2 a marché, les fans de cinéma d’horreur en voudront à Sam Raimi d’avoir signé une comédie gore plutôt qu’un véritable film d’horreur dont le réalisateur n’est pas forcement un amateur. En effet, si Raimi s’est intéressé à l’épouvante dans le cadre de son premier opus, c’était avant tout pour profiter du circuit des drive in qui étaient prêts à accepter la diffusion d’un film d’horreur fauché produit par le dentiste du coin (cette anecdote est véridique). En tant que cinéaste obsédé par la volonté de créer un langage avec les images sans avoir recours aux dialogues et à un scénario élaboré, il était logique que Raimi signe un film influencé par le burlesque qui est un genre où la mise en scène est essentielle.

Magistralement filmé, Evil Dead 2 est une comédie sanglante à voir et à revoir où vous découvrirez toujours un détail à chaque nouvelle vision. Le film prouve tout le talent d’un réalisateur qui manque cruellement au cinéma alors qu’il a signé les meilleurs films de super héros avec Darkman et son formidable Spider-Man 2 . De même, Evil Dead 2   témoigne du génie de l’acteur Bruce Campbell qui a été sous-utilisé au cinéma à l’exception des films de Raimi et du formidable Bubba Ho-tep de Coscarelli. Un long-métrage à voir et à revoir absolument !

Mad Will