Le film en VOD : https://www.canalplus.com/cinema/ad-astra/h/12379357_40099

Que raconte le film :

Roy McBride a choisi de marcher dans les pas de Clifford, son père, en devenant astronaute à son tour. Clifford a disparu lors d'une mission dans l'espace. Tout le monde le croit mort jusqu'au jour où cette certitude est remise en cause. Roy est chargé de retrouver son père, qui aurait pris une voie dangereuse pour la survie de l'humanité. En effet, Clifford ferait des choses terribles sur Neptune. Roy doit entrer en contact avec lui. Il s'engage dans un voyage périlleux, physiquement et émotionnellement, aux confins de la galaxie...

Il y a longtemps, vivait un petit garçon qui ne s’appelait pas encore Mad Will et qui aimait s’endormir chaque soir en feuilletant des livres d’astronomie où il admirait pendant des heures de superbes clichés sur notre voie lactée. À chaque fois qu’il fermait les yeux, il voyageait à travers la galaxie, traversait des pluies de météorites ou dansait une valse avec une jolie extraterrestre sur les anneaux de Saturne. Ce garçon est depuis devenu un homme, les rides ont commencé à creuser de larges sillons sur son visage, mais il a toujours continué à regarder vers le ciel au moment où la plupart de ses camarades du même âge ont fini par vivre la tête baissée, leur horizon bouché par les chiffres de la croissance et leurs crédits à régler.

Puis un jour dans les bureaux de Chacun Cherche Son Film, à l’occasion de la sortie d’Ad Astra au cinéma, la direction a demandé un volontaire pour partir dans l’espace avec Brad Pitt . Son directeur n'avait pas fini sa phrase que Mad Will glissait nonchalamment une enveloppe dans la poche intérieure du veston de son supérieur pour obtenir la place. Bien harnaché et vêtu d’une tenue de cosmonaute qu'il avait acheté sur Ebay à un ancien cosmonaute russe à l’addiction marqué pour la Vodka, Mad Will s’installait alors dans son fauteuil de cinéma et partait pour deux heures de voyage à travers la galaxie.

Extrait du rapport du Commandant Mad Will sur Ad Astra ..

Revenu de mon long voyage dans l’espace, il me faut quelques heures pour repenser à cette traversée du système et faire le bilan.  En effet, Ad Astra est un film fascinant d’un point de vue visuel, mais auquel son réalisateur nous impose encore une fois son habituelle thématique sur la famille. Malheureusement à force d’évoquer toujours le même sujet et surtout de la même manière, Gray finit par nous lasser en mettant en scène une relation père-fils qui a tendance à annihiler tous les autres enjeux du film. Néanmoins, le réalisateur a le mérite de nous mettre en scène de magnifiques images du cosmos filmées de manière réaliste. À ce titre, à l’instar de Peter Hyams et de son trop sous-estimé 2010, j’ai vraiment apprécié les éclairages sur le film qui nous donnent l’impression que les vaisseaux sont plongés dans une immensité ténébreuse et infinie. Pour un passionné de l’espace comme moi depuis tout petit, il est vraiment appréciable de voir un film de science-fiction qui ne soit pas un space opera à la Star Wars ou les vaisseaux spatiaux font un bruit de tondeuse et sont éclairés comme un sapin de Noël alors que le cosmos est censé être silencieux et plongé dans l’obscurité. À l’instar de vos plus beaux voyages, le film vous laissera donc des souvenirs impérissables grâce à des effets spéciaux à la pointe de la technologie, qui vous auront donné l’impression d’avoir touché de vos propres doigts les anneaux de Saturne. L’autre grande réussite de Gray est d’avoir proposé une vision de la conquête spatiale qui serait aux mains des grands consortiums qui exploitent des travailleurs vivant dans la précarité et la solitude. Ainsi que ce soit Mars ou la Lune, les décors sont sales et inhospitaliers et rappellent les banlieues surpeuplées sur terre. Dans Ad Astra , la découverte de l’espace s’apparente à la conquête de l’Ouest où petit à petit les explorateurs ont été vite évincés par les grands capitalistes qui se sont réapproprié les richesses. À ce titre, la scène de l’attaque sur la lune est une remédiation directe des attaques des diligences dans les westerns. Western et science-fiction, consortiums qui exploitent des hommes dans l’espace, le film de Gray rappelle parfois le film Outland , une pépite trop souvent ignorée à mon goût, avec Sean Connery et tourné par le sous-estimé Peter Hyams que nous avions cité au début de cette critique pour son 2010

Ad Astra est réellement un film marquant d’un point de vue technique comme pouvait déjà l’être la précédente réalisation de James Gray , The Lost City of Z . Malheureusement dans son dernier opus, Gray ne fait absolument pas confiance au spectateur et recourt à une voix off envahissante et des dialogues surexplicatifs pour nous asséner des vérités assez banales sur le thème de la filiation. En effet, il y a parfois dans sa posture d’auteur, un vrai déni de l’intelligence du spectateur qui ne peut finalement jamais interagir avec le film. Alors qu’Ad Astra est censé parler de la famille qui est synonyme de sentiments d’amour ou de haine, ce long-métrage est terriblement froid et ressemble à ces copies de baccalauréat de philosophie d’un étudiant trop scolaire qui répète à l’envi ses notes prises sur son Annabac. Au final, malgré un visuel époustouflant, il est vraiment difficile de se passionner pendant deux heures pour un long-métrage déshumanisé à l’image de son personnage principal, pour lequel seule compte sa névrose œdipienne alors que les morts s’amoncellent dans le film et que la planète va disparaître. Surtout que James Gray a parfois tendance à imposer ses obsessions jusqu’à la caricature et utiliser le genre comme un simple décor désincarné à l’image du message final du film qui est à l’opposé des codes de la science-fiction en glorifiant le réel et niant le pouvoir de l’imaginaire.

Ad Astra est un film intéressant, singulier, mais limité par l’approche parfois trop auteurisante de son réalisateur qui n’a pas su dépasser ses névroses et les traduire artistiquement pour nous offrir une œuvre universelle à la manière d’un Kubrick ou Tarkovski qui avaient compris les codes de la science-fiction et les avaient sublimés en signant des œuvres métaphysiques telles que 2001 ou Solaris .

Mad Will