Le film sur Outbuster : https://www.outbuster.com/completement-a-l-est/heavenly-kings

The Heavenly King est une tentative d'hybridation entre le documentaire, un happening d'étudiants des Beaux-Arts un peu amochés, et une biographie musicale où des acteurs férus de karaoké se décident à devenir un groupe de boys band. Réalisé et interprété par Daniel Wu, un acteur proche de Jacky Chan, ce long métrage est un canular qui dénonce une industrie du disque qui inonde le marché de chanteurs formatés qui seront aussitôt jetés après leur premier tube.

Que raconte le film :

En 2005, Daniel Wu (New Police Story, Protégé, One Night in Mongkok) et ses trois compères, Conroy Chan, Andrew Lin et Terence Yin, fondent le Boys Band Alive. The Heavenly Kings raconte l'histoire de ce groupe sans réel talent (autre que de belles gueules et une belle amitié...) et brosse le portrait de l'industrie de la pop cantonaise. Les stars s'expriment: Jacky Cheung, Karen Mok, Nicholas Tse ou encore Candy Lo. Personne ne comprend leur motivation à se lancer dans un tel défi. Absurde parfois, drôle toujours, The Heavenly Kings est la preuve que le karaoké peut nuire à la santé.

Lors de sa présentation en festival, The Heavenly King a été considéré comme la version cantonaise et pop du film Spinal Tap qui mettait en scène un groupe de hard rockeurs fictifs. Pourtant, les deux films sont très différents même s’ils sont considérés tous les deux comme de faux documentaires. Concernant Spinal Tap, le film de Rob Reiner est une parodie où l'humour est basé sur le décalage entre le sérieux imperturbable des personnages et les événements qui se déroulent. C’est un long-métrage écrit par un maître de la comédie, le réalisateur Rob Reiner qui utilise l'esthétique du documentaire à la manière d'un Vampires en toute intimité pour nous proposer une fiction où les acteurs jouent un rôle et ne portent pas le même nom que dans la vie réelle. Dans le cas de The Heavenly King, nous aurions plutôt à faire plutôt à un canular où certains intervenants du long-métrage comme les journalistes ne sont pas au courant qu'ils participent à un faux documentaire autour d’un boys band créé par nos 4 apprentis chanteurs pour se moquer des journalistes et des maisons de disques. 

Malheureusement les séquences de canulars n'offrent pas suffisamment de matière pour un film d'une heure trente. C'est pourquoi The Heavenly King a recours à de nombreuses digressions comme des séquences d’animation ou des interviews de réelles stars de la chanson. Avec son montage fourre-tout, le long-métrage finit même par lasser en ne réussissant pas à construire une véritable histoire. Pour autant, même si The Heavenly King est un patchwork pas toujours facile à suivre, le discours de Daniel Wu sur la société du spectacle s'avère pertinent. En effet, le réalisateur souligne intelligemment comment le marketing et la communication ont tout simplement annihilé toute création artistique. À ce titre, j’ai particulièrement apprécié le passage sur l’utilisation de l’Auto-Tune, ce fameux logiciel de chant qui est utilisé dans toute la musique française ou chinoise et qui replace automatiquement la voix pour la rendre juste. Un procédé technique qui permet aux maisons de disque d’engager n’importe qui comme interprète. Avoir du talent ou être excellent musicien ne servent plus à rien actuellement, il suffit simplement de faire parler de soi et d’être présent sur les réseaux sociaux pour jouer devant 90 000 personnes.

Néanmoins film n'égale jamais la réussite du Zelig de Woody Allen ou du Forgotten Silver de Peter Jackson qui mêlaient avec bonheur la réalité et la fiction. Il manque au film de Daniel Wu, une véritable histoire, une mise en scène élaborée, et surtout un humour corrosif qui ne limite pas à des blagues convenues sur les stylistes homosexuels ou les pets.

Mad WIll