En hommage à Fred Ward qui vient de nous quitter, voici notre article sur un monument de la série B dans lequel il jouait ! Toujours efficace malgré les années, Tremors est un improbable mix entre le western, Alien et Les Dents de la mer (Jaws). Un long-métrage indispensable pour les amoureux de cinéma de genre.

Il y a des films qui vous laissent un magnifique souvenir quand vous les avez découverts pour la première fois, mais qu'il ne faut jamais revoir au risque d’être profondément déçu. Pour autant, dans le cas de Tremors , à l’exception de quelques plans d'effets spéciaux un peu datés, le film reste une référence en matière d’efficacité, de réalisation et d’écriture. C'est de très loin la meilleure oeuvre du réalisateur Ron Underwood et des scénaristes de la comédie familiale Short Circuit qui avait enchanté les vidéoclubs dans les années 80. Quand le film est lancé en production sous la houlette de la productrice Gale Anne Hurd connue pour Terminator , personne ne s'attend à ce que le film devienne un classique du cinéma fantastique au regard de son budget modeste et de son histoire mettant en scène des vers géants affrontant une bande de bouseux.

Mais que raconte le film ?

La petite communauté quelque peu marginale de la ville de Perfection est soudain menacée par un monstre sorti de terre, une espèce de ver géant doté d'une force phénoménale, de multiples tentacules et capable de se mouvoir à grande vitesse...

Tremors s’inscrit dans le genre ultra-codifié du film de monstres qui connut son heure de gloire dans les années 50 avant de revenir en force dans une version plus graphique et réaliste avec Alien de Ridley Scott . Ron Underwood va cependant se différencier en rompant avec l’ambiance crépusculaire inhérente à un genre influencé par le gothique anglais. Tremors est un film diurne qui ne met pas en scène l’habituel héros sans peur et sans reproche, mais un duo de cowboys ratés qui ont littéralement les pieds dans la fiente comme  dans la scène de la fosse septique. Avec son mélange d’horreur et d’humour savamment dosé, ce long-métrage est une comédie horrifique enlevée hautement recommandable.

La réussite du film doit beaucoup à son duo d’acteurs principaux interprétés par des valeurs sûres du cinéma américain. On pense tout d’abord à Kevin Bacon qui essayait encore à l’époque de rompre avec son image de jeune premier hérité de Footloose . À ses côtés, Fred Ward , vu dans L’étoffe des héros , est charismatique et apporte beaucoup de punch à son personnage. Il faut saluer leur prestation respective et leur capacité à rendre attachant ces "ratés". Les autres protagonistes sont également bien écrits et souvent truculents. On pense ainsi à la jolie scientifique qui s’avère au final plus maligne et forte que nos deux machos. Quant au personnage de beauf surarmé joué par Michael Gross , il est tout bonnement à mourir de rire. À ce titre, Tremors se joue des stéréotypes pour mieux les déconstruire. L’héroïne n’est ainsi jamais la femme en détresse, nos héros sont deux glands abreuvés de bière mais plus intelligents qu’il n'y parait. Quant à notre beauf militant à la NRA, il est avant tout le vestige d’une certaine idéologie héritée de l’imagerie de l’armée américaine des années 50. À noter pour les fans de fantastique que le rôle du tenancier de l’épicerie est tenu par Victor Wong bien connu par les fans de Carpenter pour avoir joué dans Le prince des ténèbres et Jack Burton .

Les auteurs de Tremors reprennent certaines figures du western comme la petite ville abandonnée dans le désert. Ron Underwood va ainsi faire le choix de mettre en scène de grands espaces où le danger peut arriver à n’importe quel moment des tréfonds de la Terre. Tremors est en réalité une sorte de" Dents de la terre" reprenant l’imagerie de l’Ouest américain avec pour Indiens, des anguilles aveugles géantes qui useront de ruses afin de croquer le plus d’humains possible.

Ce long-métrage est au final une chasse au monstre d'une heure et demie au rythme soutenu grâce à un scénario efficace où chaque situation dramatique est bien amenée et logique. Le film témoigne d’un grand savoir-faire et rend hommage pour notre plus grand plaisir aux longs-métrages de monstres des années 50 qui mettaient en scène une communauté assiégée par d’hideuses créatures comme dans Tarantula . Une série B de haute volée, généreuse en action et qui nous divertit de bout en bout. Un « petit » classique du cinéma fantastique à redécouvrir !

Mad Will

La critique en video :

 

La bande-annonce :