90's , un premier film semi-autobiographique très attachant signé par l’acteur Jonah Hill.

La critique :

Au cours d’un été des années 1990, Stevie (le jeune formidable Sunny Suljic), ado solidaire martyrisé par son grand frère (Lucas Hedges) et incompris de sa mère, se rapproche d’une bande de skateurs plus âgés. Ces garçons débraillés et populaires incarnent pour Stevie le sommet du cool, les grands frères drôles et aimants qu’il n’a jamais eu. À leurs côtés, il découvre les plaisirs adolescents, les joies de la fête, les premiers émois amoureux et le goût du risque.

Pour l’acteur Jonah Hill, il s’agit aussi d’une aventure initiatique : son premier passage derrière la caméra. Bon camarade de la famille Appatow, il est une des grandes figures tragi-comiques du cinéma américain (SuperGrave, Sans sarah rien de va, En cloque mode d’emploi…) et signe un premier film qui lui ressemble. (Il le reconnaît lui-même comme étant semi-autobiographique). Son petit héros Stevie manque de confiance en lui et rêve de gagner la reconnaissance de ses idoles. Outre une passion pour la planche à roulettes, ils partagent le désir d’échapper à leur conditions familiales tristes et violentes. Ainsi, Stevie, battu par son frère, apprend que le leader du gang Ray (le très charismatique Na’kel Smith) a dû enterrer son cadet, que la mère de Ruben est alcoolique, et que le dit « Fourth-Grade » est pauvre au point de pas pouvoir s’acheter de chaussettes. Le film est ainsi parsemé de révélations poignantes sur les âmes meurtries de chacun des protagonistes, juxtaposées aux vannes fusantes qu’ils se balancent en permanence.
 

Stevie encaisse les claques, les bleus, les chutes (parfois très graves) et s’en relève plus déterminé que jamais. L’adolescence est une étape douloureuse mais indispensable à la construction de soi, semble nous dire Jonah Hill. On connaissait la chanson mais elle est ici jouée avec la vraie naïveté d’un enfant, Stevie, dont le film ne tourne qu’à travers ses yeux. Lorsqu’il entre dans la chambre interdite de son grand frère dont il observe chaque CD, poster, jeux vidéo ou lorsqu’il reçoit sa première planche de skateboard comme un objet sacré, l’euphorie est partagée par le spectateur. L’identification fonctionne aussi grâce à l’imagerie si parlante des années 90, des sucreries aux walkmans, en passant par la bande-son (Cypress Hill, Nirvana, Atticus Ross, Pixies…). Difficile de ne pas éprouver de tendresse également pour ces points de rendez-vous habituels (la boutique de skate, la cour de récréation vide…) qui faisaient des métropoles des villages, des refuges on l’on était sûr d’y retrouver une tête connue. Pour ne pas tomber dans une simple reconstitution nostalgique, Jonah Hill construit un vrai récit, bien écrit, et soigne ses personnages, tous différents, fouillés, et surtout nécessaires au récit. Le film ne s’encombre d’aucune anecdote superficielle, ni d’image : le format 1:33 cadre l’essentiel, et en 1h20, défile à la vitesse d’une rue de L.A. dévalée par Stevie et son gang. Un premier film modeste et très attachant.

S.D.

La bande annonce :