Bêtes Blondes, premier long métrage du duo franco-suisse Maxime Matray-Alexia Walther a retenu cette semaine notre attention.

La critique :

Fabien (Thomas Sciméca), se réveille dans une forêt au milieu d’un pique-nique abandonné (et déjà bien moisi), s’invite au barbecue des voisins, et s’enfuit avec le saumon mariné. Ainsi sonne le top départ d'un road-movie bien déjanté.

Lors de son voyage, Fabien croise la route de Yoni (Basile Meilleurat), un drôle de jeune homme habillé en militaire qui pleure en buvant de la bière : Ricky, son petit ami, est mort décapité. On discerne chez Fabien et Yoni la même mélancolie dans le regard, et même si les deux garçons n’ont pas spécialement l’air de s’apprécier, ils continuent leur chemin ensemble, vers l’enterrement de Ricky auquel ils ne sont pas conviés. Ils s’enfuient alors à nouveau avec du saumon fumé et… la tête du défunt, bien cachée dans un sac.

Bêtes Blondes a tout du film “à la mode” où l’on y comprend rien, où de la musique pop accompagne une image ultra stylisée en format 4:3. De ces tics de jeunes réalisateurs émanent pourtant un vrai charme, présent tout au long de cette odyssée de l’absurde où deux paumés sont bloqués dans leurs souvenirs lointains depuis la mort d’un de leur proche.

Fabien, on l’apprendra plus tard, est un ancien acteur de sitcom bien ringard façon Hélène et les garçons qui demeure inconsolable depuis la disparition de Corinne sa partenaire à l’écran comme à la ville. Alors plutôt que d’affronter la difficulté du réel, il s’improvise amnésique et s’enferme dans un monde qu’il crée. Avec son visage tragi-comique et sans âge, son physique comme embarrassé d’exister, mais bien présent dans l’espace, Thomas Sciméca (de la troupe de théâtre Les Chiens de Navarre) est le choix parfait pour incarner Fabien. Basile Meurillat (Yoan dans Rester vertical), moins barré que son coéquipier, rétablit l’équilibre sur la balance du loufoque en adoptant un jeu plus apaisé.

On pourrait reprocher un excès de zèle à ce nouveau duo de réalisateurs aux idées qui foisonnent, mais on peut lire aussi ce fourre-tout comme une image de la nostalgie du personnage de série des nineties, dont la vie s’est vidée faute de scénario. Ces feuilletons si désuets que Fabien refuse de quitter, sont pour beaucoup le reste d’une jeunesse qu’on aurait tort de désavouer.

S.D.

La bande annonce :