Si vous ne connaissez pas Doctor Who, lisez d'abord ma présentation de la série à cette adresse : https://www.chacuncherchesonfilm.fr/actualites/499-retour-sur-10-episodes-de-la-serie-culte-doctor-who

Je vous propose aujourd’hui de revenir sur la 11 ème saison de Doctor Who, qui a vu l’arrivée du nouveau showrunner Chris Chibnall, et de Jodie Whittaker dans le rôle du plus connu des seigneurs du temps. Cette saison est actuellement diffusée sur France 4 et la BBC.

Cette saison doit faire face à de nombreux défis : installer un nouveau docteur qui pour la première fois de l’histoire de la série est une femme, et réinventer un show de télé qui avait fini par lasser certains fans. Chibnall désigné par la BBC comme le scénariste n’est pas unéinconnu. Il a notamment collaboré à des séries telles que Life on Mars ou Torchwood. De la même manière, il a écrit quelques aventures du Docteur telles que des Dinosaures dans l'Espace ou L'Invasion des Cubes qui ne sont pas forcément les plus grandes réussites du show. Si la BBC l’a choisi pour prendre en main la destinée de l’un des héros légendaires de la petite lucarne anglaise, c’est en raison du succès quasi planétaire de sa série policière Broadchurch qui mettait en scène un acteur bien connu des fans de Doctor Who : David Tennant. À noter que le scénariste a également travaillé sur Londres, police judiciaire et sur la série Camelot (à ne pas confondre avec le programme d’Astier) dont le seul souvenir marquant que j’en garde est la sensuelle Morgane interprétée par Eva Green.

L’arrivée de Chibnall à la tête de Doctor Who ressemble beaucoup à la prise en main par Russell T Davies de la série en 2005. Convaincue que celle-ci était devenue trop complexe, la BBC a engagé Chibnall pour réinventer totalement le show. À ce titre, aucun des scénaristes et des réalisateurs de cette nouvelle saison n'avait collaboré avec Moffat ces dernières années. Même le compositeur historique de la série Murray Gold a été remplacé. Dès le premier épisode, il est évident que Chibnall nous donne à voir une série beaucoup plus cinématographique dans son esthétique avec de longs mouvements de caméra et une photo très soignée. C’est pourquoi il a réduit le nombre d’épisodes afin de disposer d’un budget plus important pour augmenter la qualité visuelle de la série. De plus, cette 11 ème saison a été conçue pour pouvoir être regardée par des spectateurs qui n’aurait jamais suivi les aventures du seigneur du temps.

Alors, que penser de ce nouveau Doctor Who après avoir vu cinq épisodes sur une saison qui en compte seulement 10 ?
Il est difficile de pouvoir donner un avis définitif sur le travail de Chris Chibnall alors que Who existe depuis plus de 50 ans. Surtout que depuis 2005, il y avait eu une certaine continuité entre le Docteur de Russell T.Davies et celui de Steven Moffat. Cette saison 11 qui veut changer nos habitudes de spectateurs nécessitera donc un temps d’adaptation beaucoup plus long avant de pouvoir être jugée définitivement.

Commençons cette revue de la 11 ème saison avec la nouvelle interprète de notre seigneur du temps préféré. C’est sûrement le meilleur choix du nouveau showrunner.  Passionnée, comme enivrée par l’aventure, Jodie Whittaker est un concentré d’énergie qui fait d’elle un excellent docteur même si l’on peut avoir quelques réserves sur sa caractérisation. Je me permets ici un aparté en direction des machos qui regardent la série : cela ne pose aucun problème que le Docteur soit une femme ! Mes réserves sur son personnage sont dues au trop grand nombre de compagnons à ses côtés (ils sont trois). Surtout quand la nouvelle équipe créative souhaite nous faire découvrir et voir évoluer le Docteur exclusivement selon leur point de vue. Avec ce grand nombre de personnages qui se partagent la vedette, Jodie Whittaker est absente dans beaucoup de scènes. Le docteur devient trop souvent dans ces premiers épisodes une figure excentrique lointaine à laquelle on ne peut s’identifier.

En créant un background commun à tous les compagnons du Docteur et en multipliant les dialogues sur le deuil ou la difficulté de se positionner par rapport à un père absent, Chibnall a tendance à transformer Doctor Who en une série comme tant d’autres avec de longs échanges verbeux qui surlignent les situations au détriment de l’action. Cette écriture plus américaine ne correspond pas vraiment à Doctor Who qui est une série sur l’imaginaire où l’image suffisait à exprimer certaines émotions.

La nouvelle équipe de Doctor Who a refusé de faire revenir sur cette saison les habituels ennemis du Docteur tels que les cybermen ou les daleks. On espérait que les auteurs avaient fait ce choix pour renouveler la galerie des antagonistes à notre seigneur du temps. Malheureusement pour l’instant,  les « méchants » mis en scène, comme le voyageur du temps raciste dans l’épisode 3, sont à peine écrits. Espérons que la série n’occulte pas le fait qu’un bon récit nécessite un héros et un antagoniste à sa hauteur pour intéresser le public. Enfin, l’autre crainte que je partage avec de nombreux fans sur les réseaux sociaux, c’est le manque d’originalité des histoires qui ont tendance à s’inspirer trop ouvertement de scripts déjà vus chez Who ou de films américains célèbres. Le premier épisode est une relecture de Predator, le troisième un remake d’Arachnophobie, quant au cinquième, c’est une relecture d’Alien avec un Pokemon en guise de monstre. Chibnall le nouveau showrunner a déclaré vouloir faire des épisodes qui ressembleraient à des films. Espérons qu’il n’imite pas trop le cinéma américain qui ne fait que recycler les mêmes histoires.

Pour autant malgré ces quelques réserves, une nouvelle histoire de Who est en train de naître et il faut laisser du temps à ses créateurs pour façonner leur Docteur et continuer à nous faire rêver. Comme disent les Anglais : WAIT AND SEE !

Mad Will