Nous revenons pendant toute la durée du Festival de Cannes qui se tient cette année 2023 du 16 au 27 mai, sur des films qui ont été primés lors de précédentes éditions et que nous avions chroniqués lors de leur sortie en salles.
Aujourd’hui #8/12 : Cold War, de Pawel Pawlikowski, prix de la mise en scène 2018.

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La critique :

Cold war, de Pawel Pawlikowski (oscar du meilleur film étranger en 2015 pour Ida), est une réalisation d'une beauté éblouissante et un régal pour les oreilles.

En effet, ce film est d’abord un hommage à la musique et à la danse. Ses premières images plongent le spectateur dans la recherche de musiques traditionnelles polonaises « du terroir » comme on pourrait le dire pour qualifier quelque chose d’authentique. C’est ainsi que Zula (Joanna Kulig) est recrutée par le groupe Mazurek auquel participe le pianiste Wiktor (Tomasz Kot) dans le but de faire connaître au monde la musique folklorique polonaise. Wiktor tombe sous le charme de Zula. Nous suivrons alors leur histoire d’amour durant quinze ans de 1949 à 1964.

Le fil conducteur de la musique ne nous quitte jamais. Que l’on soit à Varsovie, à Berlin, en Italie, en Yougoslavie ou à Paris, c’est toujours la musique et la danse qui sont le prétexte au mouvement. Le mouvement nous le retrouvons dans le tourbillon des amoureux, identique à celui de Jeanne Moreau dans Jules et Jim dont la voix enjôle l’entourage. Car ce film est un grand tourbillon. Les amants séparés se retrouvent, se re-séparent, et on ne sait pas s’ils subissent ou au contraire jouent des contraintes liées aux régimes politiques des pays où ils résident pour leur partie de cache-cache et de je t’aime, moi non plus. En une phrase dite par Zula à Wiktor « Je t’aime à la folie, mais je vais vomir », leur intrigue amoureuse se trouve ainsi résumée.

 

 

Appuyé par la superbe interprétation de Joanna Kulig et par une photographie éblouissante dont le réalisateur et son chef opérateur Lukasz Zal, déjà présent sur Ida, ont le secret, dans un noir et blanc sublime en lumières du blanc immaculé de la neige aux ombres envoutantes de la boite de jazz, l’actrice apparaît comme une magicienne, une reine des neiges ou de la nuit, suivant les lieux et les époques.

 

 

Mais le film n’est pas qu’un objet esthétique. On peut ainsi se risquer à une interprétation, que « Deux cœurs » la chanson qui sert de fil d’Ariane au film donne : Celui, métaphorique de la mère (la patrie) qui ne veut pas que sa fille (ses enfants-le peuple) rencontre son chéri (la liberté) et expliciter ainsi la séparation initiale qui semble plutôt artificielle d’un point de vue scénaristique.

Laurent Schérer

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La bande annonce :