The long excuse cinquième long métrage de la réalisatrice japonaise Miwa Nishikawa est un film très émouvant qui raconte l’histoire de deux hommes qui ont perdu leur femme, amies intimes, décédées lors d’un accident de bus. Les deux couples sont complètement différents. Le premier bat de l’aile, l’homme, Sachio (Masahiro Motoki) est un écrivain imbu de sa personne, il a une maîtresse et vit pour les apparences. L’autre, Yoichi (Pistol Takehara) est un chauffeur routier qui aime beaucoup sa femme, Yuki (Keiko Horiuchi), et ses enfants Shinpei et Akari, d’une façon maladroite peut-être mais néanmoins sincère.

La première scène du film, magnifique, une vraie leçon de cinéma, pose le cadre en présentant l’écrivain en train de se faire couper les cheveux par sa femme, Natsuko (Eri Fukatsu). Tout est dit en quelques plans dans cette séquence magistrale. Les relations entre les deux personnages du couple, le souci des apparences de l’homme, le peu d’égard qu’il a pour sa femme et l’attente du rendez vous avec sa maîtresse. La caméra joue avec les visages, les regards, la danse des ciseaux, une réussite.

Ce que montre le film, c’est que rien n’est simple. Parfois l’homme est fort, parfois l’homme est faible, nul n’est définitivement méchant ou parfait. La rédemption est toujours possible, celle ci se faisant par l’amour ou l’amitié, en tout cas par la prise en compte de l’autre, non en tant que personne qui juge, mais bien en tant qu’être humain sensible qui comprend. Le film expose donc la trajectoire de Sachio, comment il apprend ce qu’est une relation sincère et comment être attentif à l’autre. L’écrivain va par le jeu des circonstances remplacer la mère disparue auprès des enfants du routier. Ce rôle va lui permettre de prendre conscience de son humanité et de la valeur des sentiments.

Ce film traite des relations humaines, que cela soit les relations d’amitié, d’amour entre homme et femme, ou entre générations. Un film ambitieux, très riche, solide, pas manichéen et extrêmement émouvant.

L.S.