La série des films Phantasm est disponible en VOD sur le site d'Arte, voici les liens :

Phantasm : https://boutique.arte.tv/detail/phantasm

Phantasm 2 : https://boutique.arte.tv/detail/phantasm_2

Phantasm 3 Le seigneur de la mort  :  https://boutique.arte.tv/detail/phantasm_3

Phantasm 4 : Aux sources de la Terreur : https://boutique.arte.tv/detail/phantasm_4

Phantasm 5 Ravager : https://boutique.arte.tv/detail/phantasm_5

Phantasm … Un film, une saga marquante composée de cinq opus indispensables pour les amateurs de fantastique et d’horreur. Derrière ce titre qui pourrait évoquer un film grivois de la fin des années 70, se cache une perle du fantastique éditée dans un magnifique coffret Blu-ray ou DVD qui réunit l’ensemble des films de la saga chez ESC.

Phantasm est indissociable de son réalisateur, le talentueux Don Coscarelli . Peu connu, le cinéaste possède pourtant un talent fou pour sublimer ses faméliques budgets en nous proposant des mondes originaux.

Que ce soit John dies a the end ou Bubba Ho-Tep, ces films se caractérisent par une inventivité folle en termes de scénario dans un cinéma américain peu enclin à la nouveauté et au renouvellement. Sa soif d’inventivité, sa volonté d’indépendance l’ont éloigné des grands studios le cantonnant à de maigres budgets. Son cinéma est réalisé en famille à l’instar d’un George Romero , comme en témoigne les films de la saga Phantasm où l’on retrouve toujours le même casting. Ce David Lynch de série B méritait bien un article dans Chacun Cherche Son Film tant il a su développé son univers propre.

Phantasm 1

Mais que raconte le premier film Phantasm ?

Orphelin depuis peu, Mike découvre que des faits étranges se déroulent dans le cimetière de Morningside. Il remarque un croque-mort à l’allure sinistre portant des cercueils comme s’il s’agissait de simples boîtes de carton... Effrayé, mais curieux, aidé de son ami Reggie, Mike cherche à savoir ce qu’il se passe réellement.

Ce qui frappe dans Phantasm , c’est la singularité de son univers. L’ambiance du film est lourde et mortifère. Le deuil est présent durant tout le récit à travers son personnage de croquemitaine qui occupe la fonction de fossoyeur. Le mausolée de marbre où se déroule une grande partie de l’action est un labyrinthe à l’image d’une saga qui se joue de nos repères narratifs habituels. Quand on regarde Phantasm , nous sommes plongés dans un rêve. La succession logique des scènes, la structure du récit ne sont pas si importantes car le film s’avère très vite un objet totalement sensitif évoquant des fragments de nos propres cauchemars. Le titre est parfaitement choisi, le mot Phantasm renvoie à une vue de l’esprit. Le film est-il la projection des angoisses de notre jeune héros incapable de grandir ou une représentation des peurs du réalisateur ?

Par l’intermédiaire du personnage de Mike, le jeune adolescent qui découvre les agissements du croquemitaine, le cinéaste retranscrit de façon symbolique les angoisses liées au passage à l’âge adulte. Phantasm devient alors l’histoire d’un enfant qui prend conscience du néant et de sa propre finalité.

Phantasm est traversé par des visions originales qui restent à jamais gravées dans nos esprits de cinéphiles comme lorsque l'on entraperçoit  ces sphères tueuse qui lévitent où encore ces nains habillés en moine qui hantent les mondes parallèles. Mais surtout le métrage avec des moyens presque inexistants arrive à créer une véritable mythologie autour du The Tall Man incarné par Angus Scrimm. Grâce à l'emploi des mondes parallèles, le réalisateur gère à merveille les non-dits rendant son entité maléfique encore plus mystérieuse.

Pour conclure, Coscarelli semble posséder une imagination sans limites qui permet à Phantasm d’être une œuvre unique malgré des effets spéciaux parfois défaillants dus au maigre budget du métrage. Cette sorte de Quatrième dimension revue par Dali est portée par un thème magnifique au clavier qui restera au panthéon de la musique synthétique à l’instar des compositions de John Carpenter . La musique renforce ici l’aspect mélancolique de l’œuvre qui raconte en filigrane la perte d’innocence de son héros qui se retrouve confronté à la mort de ses proches.

Phantasm conduira à quatre suites qui n’égaleront jamais le premier film en termes de réussite formelle et scénariste, mais qui viendront quand même enrichir sa mythologie. Petit aperçu rapide des autres volets de la saga :

Phantasm 2

Le film nous propose de découvrir Mike quelques années plus tard. Phantasm 2 est l’un des rares films de studio de Coscarelli qui obtint pour cette réalisation un budget de trois millions de dollars. Une somme ridicule pour une major, mais importante pour un réalisateur habitué à bricoler ses films. Le film est emblématique des années 80, et même s’il est agréable, son humour potache à la >Evil Dead est bien trop présent. C’est dans cet opus que Reggie, le marchand de glaces, devient un acteur primordial de la saga. Bien réalisée, renforçant la mythologie de Phantasm, une suite qui prend le parti de l’action.

Phantasm 3 : Le Seigneur de la Mort

Suite directe du second opus en termes de temporalité, ce Phantasm 3 est une honnête série B, mais c’est aussi le film le plus faible de la série. Trop de références sur la culture de l’époque (Maman j’ai raté l’avion ou encore Freddy 3…) empêchent Ce Seigneur de la Mort de retrouver la noirceur et le caractère mortifère de la série. Le réalisateur prolonge ici sa mythologie avec des héros que l’on retrouve de film en film et qui vieillissent beaucoup plus vite que leurs personnages. À ce titre, le retour de l’acteur qui interprétait Mike enfant et qui avait été évincé par les studios sur le deuxième volet, renforce la continuité. Un divertissement honnête, mais on attendait mieux de la saga Phantasm.

Phantasm 4 : Aux sources de la Terreur

Le meilleur opus de la série avec le premier. Coscarelli nous propose ici un western métaphysique à la manière d’El Topo de Jodorowsky .

Réalisé avec un maigre budget, le long-métrage réemploie des séquences non gardées du premier film pour ses flashbacks. Ce Phantasm nous explique enfin les origines de son croque-mitaine le Tall Man. Un film inventif dont la réussite doit beaucoup à ses interprètes qui donnent tout dans leur rôle et qui composent une véritable famille derrière et devant l’écran.

Sorte d’Alain Resnais version horrifique, ce Phantasm 4 est une déclaration d’amour aux rêves absolument passionnante.

Phantasm 5 : Ravager

Un film fascinant qui est aussi terriblement cheap. Ce cinquième volet lowcost n’a malheureusement pas les moyens de ses ambitions. Les effets numériques sont dignes d’un film d'étudiant. La caméra numérique basse-définition témoigne d’une œuvre qu’on soupçonne tournée entre potes les week-ends.

À éviter, me direz-vous ! Pourtant malgré son visuel, ce long-métrage est passionnant. Les personnages sont tous bien écrits, leur évolution dramatique est bluffante. Le cinéaste évoque même la saga comme une possible maladie mentale qui affecterait ses héros. Le premier Phantasm traitait de l’enfance. Le dernier opus est une œuvre crépusculaire qui évoque la fin de vie.

Ce film témoigne une nouvelle fois de l’inventivité de Coscarelli , ici seulement scénariste qui aurait mérité d’avoir les moyens financiers des studios tant ses univers sont riches et profondément originaux.

Une critique écrite avec beaucoup d'amour par Mad Will !