Le film de la semaine est Prendre le large .

Signé par Gaël Morel, cette chronique d’un nouveau départ dresse un portrait touchant de femme incarné avec beaucoup de grâce par Sandrine Bonnaire. Film solaire prenant place à Tanger, Prendre le large est aussi une réflexion sur les affres de la mondialisation qui recherche à tout prix le moindre coût en tentant d’annihiler toute solidarité humaine.

Romanesque, touchant parfois lyrique, Définitivement notre film de la semaine !

La critique

Les 3,8 millions de téléspectateurs qui ont visionné l’émission Cash investigation du 26 septembre 2017 devraient se ruer au cinéma pour regarder le long métrage de fiction Prendre le large du réalisateur Gaël Morel. Je souhaite d’ailleurs la même audience à Prendre le large qui le mérite.

Le film suit une ouvrière, récente veuve et mère d’un jeune homme, incarnée parSandrine Bonnaire et dont le jeu de femme délocalisée est sublime. Elle incarne Edith dont on vient de supprimer le poste dans une usine textile du Rhône et qui accepte, sans trop réfléchir aux conséquences, un poste à Tanger au Maroc. Elle se retrouve alors aux prises avec la dure réalité de la macronie société marocaine : sous payée, humiliée, avec des conditions de travail dangereuses en terme de sécurité, sans syndicat pour veiller au grain et le licenciement facile pour celles qui osent réclamer.

L’autre volet de ce film, et non le moins intéressant, est la relation mère-fils. Entre Edith et Jérémy (Illian Bergala) mais aussi entre Mina, (Mouna Fettou), la marocaine qui tient la pension dans laquelle Édith loge, et Ali (Kamal El Amri), qui l’aide mais qui souhaiterait voler de ses propres ailes et partir en Europe. L’approche de cette relation par l’intermédiaire de ces deux couples est très subtile, en petites touches, tant pour Edith et son fils qui reviennent progressivement dans une relation alors qu’ils s’étaient éloignés, que pour Mina et Ali. La problématique du « comment prendre son indépendance sans froisser l’autre, comment couper le cordon ombilical, comment faire comprendre à l’autre que ce n’est pas parce qu’on veut vivre sa vie comme on l’entend qu’on le rejette, bref, le moment où l’oisillon sort de son nid et prend son envol » est admirablement traduite dans toute sa complexité, chaque confidence se reflétant dans les préoccupations de celui qui la reçoit, provoquant un questionnement pour sa propre relation familiale.

Un très beau film.

L.S.

La bande-annonce