"How to have sex", film de la primo réalisatrice britannique Molly Manning Walker est une œuvre hautement recommandable dont le sujet est la question du consentement à travers la première expérience sexuelle d'une jeune fille. Honoré du prix « Un certain regard » au dernier Festival de Cannes, ce long-métrage offre un apport précieux sur un sujet brulant d’actualité.

La critique :

Honoré du prix « Un certain regard » au dernier Festival de Cannes, How to have sex, film de la primo réalisatrice britannique Molly Manning Walker relate la première expérience sexuelle de Tara, une adolescente en goguette, qui, avec deux copines Skye et Em, passe quelques jours de détente au bord de la mer en attendant le résultat des examens de fin d’études.

Si le début du film laisse présager du pire, volonté affichée des donzelles de « choper » à tout prix, participation à des soirées de très mauvais goût, la suite du film est plus grave et aborde frontalement la question du consentement. Car si pour sa première expérience sexuelle la jeune fille formule un « oui » du bout des lèvres devant l’insistance d’un garçon, ce « consentement » n’est-il pas extorqué à une jeune oie blanche en position de faiblesse devant un homme qui « sait ce qu’il veut » ? Le film montre alors qu’une agression n’est pas forcément synonyme de violence, mais peut-être beaucoup plus insidieuse.

L’autre question est celle des suites d’un tel événement. Alors que Tara se remémore douloureusement ce premier rapport, ses amies pourtant proches ne se rendent compte de rien, glorifiant au contraire cette relation sexuelle comme un succès. Dans un tel contexte, la libération de la parole sera très difficile, Tara subissant une nouvelle fois une pression sociale dont elle se serait bien passée.

Mais la réalisatrice a l’intelligence de ne pas rajouter de pathos au scénario. La prestation remarquable de Mia McKenna Bruce qui interprète Tara contribue aussi beaucoup à la qualité du film. Grâce à son jeu tout en finesse et en à-propos, le spectateur ressent parfaitement l’émoi de la jeune fille et l’évolution de ses sentiments, alors qu’elle les cache à ses amies. De plus, la qualité des images captées par la caméra - Molly Manning Walker a commencé sa carrière comme chef opératrice - entre le mouvement tourbillonnant des fêtes et des excès du début et l’errance désenchantée de Tara au petit matin dans des rues jonchées de détritus abandonnés par les fêtards, renforce le réalisme de l’ensemble.

Et heureusement, les hommes et les femmes étant ce qu’ils sont, tout n’est pas noir et Tara rencontrera d’autres personnes plus « cool » que le mauvais numéro qu’elle avait tiré. Il faut alors espérer qu’elle se sortira de ces « vacances de rêve » comme les ont qualifiées ses copines, sans trop de séquelles.

Un film hautement recommandable.

Laurent Schérer

La bande-annonce :