Le documentaire d’Aline Geller "La révole nature - De la vigne au verre", est une réflexion sur le secteur du «vin nature». En effet, la production vinicole est d'habitude championne en ce qui concerne les additifs qui viennent polluer le précieux breuvage.

La critique :

Le documentaire d’Aline Geller La révole nature - De la vigne au verre, est une réflexion sur le secteur du « vin nature », comprenez le vin dans lequel il n’y a que du raisin. Cela peut tomber sous le sens, mais en fait non, puisque la production vinicole est championne en ce qui concerne les traitements et autres intrants qui composent le produit fini de la viticulture « moderne ».

Le film commence comme une grande séance de green washing (ou plutôt wine washing) faisant la promotion de ces vins à la manière d’un clip publicitaire où le vin nature est montré comme une nouvelle tendance. Ces cinq premières minutes assez déroutantes sont en réalité là pour mieux dénoncer l’effet pervers d’un emballement qui dénature le cheminement de viticulteurs attachés à leur terre et leurs cépages et qui cherchent avant tout à produire du bon vin plutôt que des billets de banque. En effet, la suite du film, s’appuyant sur des exemples variés de pratiques et de régions, montre l’amour que ces gens portent à leur production.

Malheureusement, ils sont rattrapés par la spéculation. Celle-ci est d’abord provoquée par l’effet de mode sur l’existant qui en augmentant brutalement le nombre de consommateurs raréfie le produit. Ensuite, sont en cause les investissements massifs de financiers, qui, flairant le bon plan, achètent des centaines d’hectares de vignes en vue de la production industrielle de vins labellisés « bio », faisant fi de la relation intime que peut entretenir le viticulteur et sa vigne. On notera aussi au passage l’effet pervers d’un engouement international qui a pour conséquence le départ d’une majorité de ces vins vers le Japon ou les États-Unis, les viticulteurs étant ainsi assurés de vendre leur récolte.

Mais l’essentiel du film reste l’intérêt que porte la réalisatrice aux vignerons qui font pousser leurs vignes, récoltent leurs raisins, et le vinifient avec amour. Elle s’efforce de décrire la variété des conditions de production de ces vins nature, y compris dans des régions de production pas forcément attendues, comme le Jura ou l’Auvergne, ainsi que la pluralité des techniques de culture et de vinification. Cette diversité des cépages et des pratiques permet de produire des vins originaux, bien loin d’une norme de vins produits à grande échelle et élevés en fut de chêne dans le but justement d’uniformiser le produit pour le rendre plus acceptable par le consommateur.

Laissant parler les différents acteurs du secteur, vignerons, distributeurs, cavistes, restaurateurs, la réalisatrice parvient grâce au montage à apporter des nuances voire des contradictions dans les discours des intervenants. Il en résulte un film équilibré qui présente l’essentiel des enjeux de la filière du vin nature.

Aline Geller nous offre alors, de la terre à la table, un film plus sensitif que didactique qui donne envie aux spectateurs de déguster ces vins agitateurs de papilles.

Laurent Schérer

La bande-annonce :