Ce long-métrage relate la terrible histoire, qui s’est déroulée en 1955 dans le Mississippi, du lynchage d’un enfant noir de 14 ans nommé Emmett Till. Sa mère, Mamie Till-Mobley, refusera de se resigner à l’horreur et fera tout son possible pour prendre à partie l’opinion publique américaine afin d’obtenir, si ce n’est la justice, au moins la réprobation du plus grand nombre dans le but de combattre le racisme et favoriser l’émancipation des Afro-Américains.

La critique :

De ce grand sujet, la réalisatrice Chinonye Chukwu tire un film à la facture très classique et dont le jeu maitrisé et équilibré des acteurs favorise son accès au grand public. Plus que le sort d’Emmett et les conditions de vie des noirs, c’est le destin de Mamie qui est mis en valeur ici grâce à la superbe interprétation de Danielle Deadwyler : celle qui fut à l’époque la seule femme noire à travailler pour l’US Air Force puise dans son courage et son sens de la justice la capacité à combattre à la fois l’oppression blanche et la résignation noire. Elle deviendra alors une des égéries du mouvement d’émancipation des noirs aux États-Unis, anticipant la vague de revendications qui prendra de l’ampleur avec le boycott de la compagnie de bus de Montgomery et les discours du pasteur Martin Luther King.

Le long métrage reste centré sur la tragédie et ses suites. Il rappelle cependant dans un affichage précédent le générique de fin que la situation ne s’est améliorée que très tardivement dans la loi : le lynchage ne devint un crime fédéral qu’en 2022, 67 ans après les faits ! En revanche, il n’est pas évoqué que le racisme règne encore aujourd’hui dans l’esprit de certains Américains et semble même reprendre des forces chez les suprématistes blancs. Nous devons malheureusement rappeler ici l’histoire de George Floyd. N’oublions pas non plus que la caissière à l’origine du lynchage relaté dans le film n’a jamais été inquiétée et vit toujours libre.

Un tel film s’avère donc plus que nécessaire pour rappeler une histoire honteuse qu’on aimerait laisser définitivement derrière nous.

Laurent Schérer

La bande-annonce :