Dans Un petit frère, Léonor Serraille s'attache à trois personnages d'une même famille, dévoilant la vie de gens ordinaires qui souhaitent vivre leur vie au sein d’une société dont ils espèrent le meilleur. Un nouveau film touchant et attachant de la réalisatrice de Jeune femme.

La critique :

Un petit frère de Léonor Serraille raconte l’histoire d’une famille dont la mère Rose (formidable Annabelle Lengronne), partie de Côte d’Ivoire, arrive en France avec ses deux plus jeunes fils, Jean et Ernest. C’est une femme qui se veut libre et indépendante, refusant les traditions, en particulier les suggestions en matière de mariage venant de sa communauté, mais qui, s’étant mis elle-même la barre très haute, met une grosse pression sur ses enfants, surtout sur Jean, le plus âgé des deux.

La réalisatrice nous dévoile ici la vie de gens ordinaires qui ne sont ni des héros ni des parias. Ce sont seulement des êtres humains qui souhaitent vivre leur vie au sein d’une société dont ils espèrent le meilleur. Nous suivons donc sur trois chapitres l’histoire de ce trio en équilibre instable entre deux cultures, chaque partie s’attachant plus particulièrement à l’un des membres de cette famille.

Après Jeune femme Léonor Serraille s’intéresse encore au parcours de personnes qui ne cadrent pas forcément avec une société normative. Mais ici elle va plus loin, étudiant dans son film l’intégration et la transmission de codes dont on voudrait tant être libérés. Qu’est-ce qu’une famille, quelles valeurs transmet-elle et comment, et en quoi le déracinement modifie-t-il le parcours familial ? Questions ardues et complexes, les différents chemins empruntés par les trois protagonistes n’étant pas toujours le résultat de choix rationnels et réfléchis, mais le plus souvent celui de compromis subis.

Léonor Serraille pose en permanence un regard empli d’empathie pour ses personnages tout en questionnant notre système éducatif et la vie en société. Pas de condamnation ou de glorification de l’un ou l’autre des personnages mais une analyse des motivations, conscientes ou inconscientes, d’un choix de vie. Il en ressort pour ces trois êtres un bilan mitigé, aucun n’ayant véritablement réussi à mettre en adéquation ses rêves et la réalité, la vie pouvant s’avérer en même temps rose et grise.

Un nouveau film touchant et attachant d’une réalisatrice à suivre.

Laurent Schérer

La bande-annonce :