Guillaume Renusson signe un thriller réussi sur l'accueil des migrants et notre humanité, sujets qu’il est nécessaire de traiter encore et toujours si l’on ne veut pas que les générations futures ne retiennent du début du XXIème siècle que l’explosion de l’égoïsme forcené et de la xénophobie.

La critique :

Dans Les survivants, premier long métrage de Guillaume Renusson, Denis Ménochet joue Samuel qui s’apparente à un gros ours, ce qui lui va très bien vous vous en doutez. Depuis que cet homme a perdu sa femme dans un accident de voiture où il était le conducteur, le chagrin et la culpabilité le rongent. Habitant de Briançon, au cœur des Alpes, il décide de se rendre en Italie quelques jours avant sa reprise du travail, dans un chalet dans lequel lui et sa compagne résidaient juste avant l’accident.

C’est là que vient se réfugier Chehreh, une femme afghane séparée de son mari au cours de son périple vers la liberté, et qui fuit les contrôles de police (Zar Amir Ebrahimi, récompensée à Cannes dans Les nuits de Mashhad). Il refuse d’abord de l’aider mais petit à petit il retrouve son humanité et fait tout pour la sortir de son statut de fugitive, et cela dans le décor somptueux des Alpes enneigées.

Il faut le dire tout de suite, ce film joue parfois un peu trop sur la fibre mélodramatique, ne serait-ce que par l’arrivée toujours aux pires moments de méchants militants d’extrême droite pour qui, façon cow-boy assumée, un bon migrant est un migrant mort. Cet excès de pathos ne nous empêche cependant pas de nous intéresser aux parcours croisés des deux personnages principaux, lui dans son retour à une vie sociale et à la découverte d’un nouveau sens à donner à son existence, elle dans l’acceptation et la découverte d’un monde inconnu dans lequel elle décèle grâce à l’attitude de Samuel la possibilité d’une rédemption. Le long-métrage mélange ainsi avec succès des enjeux politiques et sociaux avec d’autres beaucoup plus intimes.

Au final Guillaume Renusson signe un premier film réussi sur un sujet qu’il est nécessaire de traiter encore et toujours si l’on ne veut pas que les générations futures ne retiennent du début du XXIème siècle que l’explosion de l’égoïsme forcené et de la xénophobie.

Laurent Schérer

La bande-annonce :