Dans son nouveau film engagé La (très) grande évasion, Yannick Kergoat s’empare du sujet assez grave de l’évasion fiscale pour le présenter avec humour. Ce documentaire met ainsi en lumière les conséquences de ce fléau sur notre pouvoir d’achat et nos conditions de vie.

La critique :

Comme dans son précédent documentaire Les nouveaux chiens de garde, Yannick Kergoat s’empare d’un sujet grave pour le présenter avec humour. La (très) grande évasion est un film indispensable pour ceux qui douteraient encore du double discours des financiers qui prônent « l’optimisation » fiscale. Le long-métrage met ainsi en lumière les conséquences de ce fléau toujours présent, voire en développement depuis ces cinquante dernières années, sur notre pouvoir d’achat et nos conditions de vie.

Dans le camp de ceux qui tolèrent l’évasion fiscale, voire la favorisent, on retrouve, malgré leurs discours, la majorité de nos dirigeants. Car il faut bien reconnaître que si les riches sont encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres, c’est que la justice fiscale, entre les rares condamnations et les nombreux discours lénifiants, n’est pas au rendez-vous. Comme le rappelait notre président il n’y a pas si longtemps, il n’y a pas d’argent magique. La valeur ajoutée est ainsi créée par les classes laborieuses pour être ensuite captée et mise à l’abri par une frange minime de la population pour laquelle la fraude fiscale est un « sport ». Les personnes et les entreprises les plus riches ont en effet de moins en moins de scrupules et de plus en plus de moyens à leur disposition pour échapper à l’impôt. Un constat écœurant qui déniaisera ceux qui s’illusionnaient encore sur la probité des mieux lotis.

La (très) grande évasion doit donc être pris pour ce qu’il est : un outil militant fort bien monté, offrant un support de réflexion et des arguments à ceux qui se révoltent contre la toute-puissance de l’argent et de ses soutiens. Un long-métrage qui met à nu les mécanismes de captation du fruit du travail de l’ensemble de la population au profit d’une oligarchie.

Laurent Schérer

La bande-annonce :