Le long-métrage de Sophie Hyde "Mes rendez-vous avec Léo" est une ode au plaisir féminin, un film émouvant grâce à son humour et son audace, qui nous invite à nous interroger sur une certaine norme sexuelle imposée par des prescriptions sociales ou religieuses castratrices.

La critique :

Dans le film signé par Sophie Hyde, Mes rendez-vous avec Léo, Nancy Stokes (Emma Thompson), est une sexagénaire veuve depuis deux ans. Toujours fidèle à son mari, par conviction religieuse et morale, celui-ci ne l’a pourtant jamais sexuellement satisfaite. Après beaucoup d’hésitation elle se décide, pour découvrir les plaisirs de la chair, à faire appel à un escort boy, Léo Grange (David McCormak). Ce qui pourrait être un mauvais synopsis tiré d’un film scabreux se révèle en fait, grâce aux dialogues très écrits, drôles et originaux, de Katy Brand, un film à la fois pudique et direct dans son traitement de la misère sexuelle de telles femmes qui ont passé leur vie à satisfaire leur mari, refoulant leurs désirs et éventuels fantasmes. Au fur et à mesure des rendez-vous avec Léo, Nancy se dévoile, au propre comme au figuré (Il faut souligner la très courageuse interprétation d’Emma Thompson qui laisse la caméra découvrir son corps vieillissant) afin de permettre au spectateur d’appréhender la problématique traitée tout en retenue par la réalisatrice.

Chacun des deux protagonistes a une personnalité, une psychologie et une image de lui-même qui évolueront au fur et à mesure des échanges entre les deux personnages. Si l’on peut ne pas être d’accord sur le discours que tient le jeune escort boy, qui formule les raisons personnelles qui lui ont fait pratiquer cette activité, on ne peut qu’avancer aux côtés de Nancy qui se réapproprie son corps à travers la découverte de ses envies intimes.

Dans l’espace clos de la chambre d’hôtel, espace hors du temps et des conventions passées, Nancy retourne sur sa vie et se plait à reformuler de nouvelles règles. Cependant, elle ne pourra atteindre la satisfaction sexuelle que lorsqu’elle aura intégré qu’il lui faut lâcher prise et non obéir à des lois qu’on lui a imposées ou qu’elle s’est imposée elle-même. Elle pourra alors, comme le signale Léo, atteindre le moment où la beauté intérieure rejaillit sur le corps entier lors du moment de relâchement complet consécutif au plaisir.

Ode au plaisir féminin, manifeste du droit au plaisir, Mes rendez-vous avec Léo, loin d’être dérangeant, est au contraire émouvant grâce à son humour et son audace, nous invitant à nous interroger sur une certaine norme sexuelle imposée par des prescriptions sociales ou religieuses castratrices.

Laurent Schérer

La bande-annonce :