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Le réalisateur prolifique Robert Guédiguian, soutenu par sa troupe habituelle, nous offre avec Gloria Mundi un film social qui nous alerte sur l'impasse dans laquelle nous conduisent ceux qui nous gouvernent en montant les citoyens les-uns contre les autres.

La critique :

Avec son vingt et unième film qui raconte la vie d’une famille de Marseille, Gloria Mundi, Robert Guédiguian semble de plus en plus pessimiste. Nous avons Richard, Le grand-père chauffeur de bus, (Jean-Pierre Daroussin – égal à lui-même) et Sylvie (Ariane Ascaris ) la grand-mère qui fait des ménages. Du côté des plus jeunes membres de la famille, nous retrouvons  Mathilda, la fille d’un premier lit (Anaïs Demoustier) dont le père Daniel (Gérard Meylan) sort de prison, et qui accouche au début du film d’une petite Gloria (d’où le titre du film) ; Aurore (Lola Naymark ) la seconde fille ; et leurs compagnons respectifs, Nicolas (Robinson Stevenin ) et Bruno (Grégoire Leprince-Ringuet).

L’un des jeunes couples adhère à la vision entrepreneuriale de la société, écraser son prochain pour gagner plus, l’autre subit la dure loi de la précarité et de l’uberisation. Ils sont les représentants un peu caricaturaux des deux faces de notre société. Par ailleurs, certains des personnages de cette chronique sociale sont à contre-emploi, en particulier Ariane Ascaris étonnante dans la peau d’une grand-mère raciste et réactionnaire. Guédiguian pose ainsi le terrible constat que le capitalisme s’infiltre au cœur des familles provoquant des troubles et la désunion de celles-ci.  On se retrouve alors dans des temps que décrivait Zola dans La terre ou Balzac dans Les illusions perdues. Voilà pour le décor.

Mais le personnage essentiel, le plus nuancé, et qui va porter le film, l’élément perturbateur, c’est l’ex de Sylvie, qui sort de prison et dont la force tranquille va révolutionner ce petit monde. Celui qui, sans vouloir trop en dire,  montrera que le destin n’est jamais tracé d’avance et qu’il existe une possibilité de rédemption et donc d’évolution à condition de « jouer collectif » . Pour y arriver il ne faudra pas se laisser prendre aux sirènes d’un pouvoir qui veut diviser pour mieux régner en dressant ceux qui perdent leurs droits contre les précaires, et en favorisant l’exploitation des plus démunis. L’autre intérêt du personnage du prisonnier, finalement le plus lucide car retranché de ce monde ou tout tourne à la folie, est de s’interroger sur la possibilité d’un espace de liberté dans un monde où nous sommes condamnés à subir.

Au final, Guédiguian dresse un portrait noir de notre société et s’interroge sur notre responsabilité collective et notre capacité à réagir à cette promotion du « moi d’abord » qui semble prévaloir. La grand-mère refuse de soutenir la grève et sa fille valide le discours de sa patronne : « à sa place je ferais comme elle ». Un film qui signe la disparition de la conscience de classe et où un personnage simplement bon dans ce monde de brute devient alors un héros.

Laurent Schérer

La bande-annonce :

 

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