Le distributeur Malavida propose à partir du 9 novembre un cycle « Louis Malle gentleman provocateur », qui reprend les six premiers films du réalisateur dans de magnifiques restaurations Gaumont. Nous avons choisi de vous présenter ici son tout premier, "Ascenseur pour l'échafaud" un thriller angoissant, avec Jeanne Moreau, et porté par la célèbre mélodie de Miles Davis.

La critique :

Ce que les générations successives ont retenu du thriller de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud, c’est d’abord la superbe musique improvisée par Miles Davis et son groupe au cours d’une nuit devant les images du film. La trompette du maitre accompagne en effet les pas de Florence Carala (Jeanne Moreau) cherchant désespérément son amant Julien Tavernier (Maurice Ronet) dans la nuit parisienne. Malheureusement pour celui-ci, après avoir tué le mari, riche et influent président d’une société d’armement, il se retrouve bloqué dans l’ascenseur de l‘immeuble qui abrite les locaux de sa société. Au même moment, sa voiture est volée par Louis, un jeune malfrat qui sera bientôt rejoint par sa petite amie fleuriste, Véronique.

Adapté du roman éponyme de Noël Calef, le scénario raconte comment les amants diaboliques se retrouvent pris au piège d’un engrenage de circonstances imprévues, qui font que l’amant assassin est recherché pour un autre crime que celui qu’il a commis.

Alternant les plans du huis clos de l’ascenseur, dont l’intérieur est éclairé par le briquet de Julien qui cherche à sortir de cette prison de tôle, prélude à ce qui l’attend s’il est découvert, et les plans de Florence, éclairés par les lampadaires et les vitrines des cafés où la mènent ses pérégrinations, le film infuse une angoisse que seules les aventures sanglantes du malfrat et de sa conquête, menées grâce à la voiture volée de Julien, vont finir par perturber.

Amants maudits, Julien et Florence ne se retrouveront jamais dans le même plan, mis à part sur les photos qui scelleront leur destin criminel. Même au téléphone, avec lequel ils communiquaient chacun de leur côté dans une superbe séquence d’exposition, ils ne parviendront pas à poursuivre une conversation. En effet, quand Julien parvient enfin à rappeler sa maitresse, celle-ci dort épuisée par sa nuit de quête. Monté, sans temps mort, ce premier film tout en tension fut un coup de maitre pour celui qui n’était alors qu’un tout jeune réalisateur de vingt-cinq ans.

Prélude à une longue carrière, Ascenseur pour l’échafaud est le premier long métrage de Louis Malle sorti en 1958. Le distributeur Malavida propose à partir du 9 novembre un cycle « Louis Malle gentleman provocateur », qui reprend les six premiers films du réalisateur dans de magnifiques restaurations Gaumont. En plus d’Ascenseur pour l’échafaud, nous trouverons donc Les amants (1958), Le feu follet (1963), Viva Maria ! (1965), Le voleur (1967), et Le souffle au cœur (1971). Une belle occasion de (re)voir ces films depuis longtemps disparus de nos écrans.

Laurent Schérer

La bande-annonce :