Après Le Caire confidentiel, le cinéaste égypto-suédois Tarik Saleh nous offre une nouvelle réussite avec La conspiration du Caire, nous entrainant cette fois dans l’université religieuse de Al-Azahar, considérée comme la plus importante source de savoir sur l’islam au monde.

La critique :

Saleh s’immisce au centre même de l’islam sunnite, en nous faisant suivre les pas d’Adam, (Tawfeek Barhom) un jeune provincial naïf, fils de pêcheur, choisi pour intégrer l’université et qui va être manipulé pour servir des querelles politico-religieuses dans lesquels toutes les hiérarchies seront mouillées. Adam se retrouve perdu dans une université qui accueille autant d’étudiants que le nombre d’habitants d’une ville moyenne. Pour lui qui vient d’un tout petit village, le choc est immense et sera encore plus grand quand il sera témoin d’un meurtre inconcevable au sein même de l’institution religieuse.

Le grand Imam de l’université meurt peu de temps après l’admission d’Adam à l’université et les grandes manœuvres commencent en vue de lui trouver un remplaçant. Que cela soit les imams ou les services secrets, chacun jouera un rôle trouble dans le but de gagner le pouvoir ou de le conserver.

En croisant Le nom de la rose de Jean-Jacques Annaud avec le Habemus papam de Nani Moretti, le réalisateur de la conspiration du Caire accouche d’une critique au vitriol de tout ce qui se rapproche peu ou prou du pouvoir. Tarik Saleh, comme il le dit lui-même « sans rien édulcorer de la complexité de son sujet », nous dresse le portrait d’une société́ corrompue où s’affrontent les pouvoirs politiques et religieux en mettant en scène le parcours d’un adolescent, dont la connaissance des turpitudes des puissants servira de cruel apprentissage. En effet, les idéaux de justice ou de foi semblent foulés aux pieds par toutes les parties. D’autre part, ce long-métrage décrit le fonctionnement et l’histoire d’une institution mal connue de l’occident et pourtant si importante aux yeux du milliard de musulmans.

La précision du scénario (primé à Cannes par un prix du scénario tout à fait justifié), le découpage millimétré du cinéaste ainsi que la beauté de la mise en scène sont ici au rendez-vous afin d’offrir au spectateur un thriller haletant, tourné en Turquie, mais dont l’action se situe au cœur des institutions égyptiennes.

À ne surtout pas manquer pour tous les amateurs du genre !

Laurent Schérer

La bande-annonce :