Chronique de la vie champêtre et réflexion sur le sens de la vie, le film de Semih Kaplanoglu "Les promesses d’Hasan", nous convie en Anatolie et nous fait découvrir un couple de paysans turcs que les événements obligeront à réfléchir sur leur vie et leur conduite.

La critique :

Retenu à Cannes en 2021 parmi la sélection officielle un certain regard, le film de Semih Kaplanoglu Les promesses d’Hasan, est une nouvelle réussite du renommé réalisateur turc.

Hasan (Umut Karadag) est un agriculteur heureux. Il cultive d’une façon intensive tomates et pommiers sur la terre héritée de ses parents. En gérant son exploitation avec un grand sens de l’économie il vit bien de ses récoltes. Il a une femme aimante, Emine (Filiz Bozok) qui comme lui compte les sous, et deux enfants. Le cadet, qu’il aime visiblement beaucoup, l’aide sur l’exploitation, et l’ainé, qui a quitté le toit familial, est fonctionnaire à la capitale.

Mais deux événements vont déclencher dans cette famille un mini cataclysme. Le premier est le passage prévu d’une ligne à haute tension sur ses terres, le second est la préparation du pèlerinage à la Mecque.

Tiré au sort pour le voyage du Hadj après trois ans d’attente, ce prochain voyage sur les terres de l’Islam forcera le couple, en particulier Hassan, à réfléchir au sens à donner à leur vie. N’ont-ils jamais fait de tort à leur entourage ?

Le film est une chronique de la vie champêtre et une réflexion sur le sens de la vie. Celle-ci doit-elle être conduite par la thésaurisation ou n’y a -t-il pas de valeur plus élevée à prendre en compte ? Ne voir que son propre intérêt peut être préférable à court terme mais n’entraine-t-il pas des remords qui finissent par vous questionner ? Entre la crainte d’une punition divine et une gestion mesquine du quotidien, le cœur et les intérêts hésitent. En particulier le réalisateur traite d’une querelle liée à un héritage qui a fait que Hasan et son frère ont fini par ne plus se parler. Emine convaincra alors Hasan de reprendre contact avec sa fratrie.

Sur un rythme lent sous la chaleur de l’Anatolie, et parfois avec une pointe d’humour, le réalisateur brosse le portrait de ce couple ambigu dans ses choix, voire hypocrite quand il s’agit de s’interroger sur ses actes passés. S’ils peuvent être généreux pour leurs proches, Hasan prévoit un cadeau à sa nièce pour la récompenser de sa réussite scolaire, leur âpreté au gain leur fait faire aussi des marchandages ignobles face à des personnes dans le besoin et vulnérables. Mais s’ils sont souvent les initiateurs de ces pratiques, ils peuvent à d’autres moments en être victimes. Le couple est alors à l’image de la communauté dans laquelle ils vivent. En effet, au-delà du cas d’Hasan et Emine, le réalisateur nous décrit une société dure et autoritaire où règne une corruption latente.

Un très beau film à voir en ce moment au cinéma.

Laurent Schérer

La bande-annonce :