Signé Takahide Hori, Junk head est un film d'animation en stop motion riche, dense, hypnotique et drôle à la fois, qui démontre que tout n’a pas été dit ou fait au cinéma. Un long-métrage captivant à voir absolument en salles.

La critique :

Un moment dans le futur. Les hommes habitent la surface de la terre. Dans ses profondeurs vivent les Marigans, des mutants de travailleurs clonés par les humains, ainsi que d’autres créatures improbables. L’humanité a gagné l’immortalité mais a perdu la capacité de se reproduire : les hommes ne sont plus que des têtes. Un virus la menaçant elle court à sa fin. Pour trouver une solution à ce problème, un humain, Parton, est envoyé en mission sous la terre pour retrouver le secret de la reproduction. Pour les mutants, l’humain est un dieu. Pour les humains, les mutants sont un mystère.

Junk head de Takahide Hori est un film  de science-fiction.  Mais on pourrait également le qualifier d’œuvre fantastique voir magique au regard de ce que le réalisateur réussit à faire avec la technique de la stop motion . Il y a dans ce film une atmosphère indescriptible et envoutante. Une œuvre habitée comme si des esprits veillaient sur la « junk head » perdue au milieu d’un monde souterrain, empli de créatures qui ne lui veulent pas toutes du bien. Il ne faut pas s’attendre ici à un film de pure action dans lequel le héros doit affronter des épreuves clairement définies. Non, il s’agit plutôt dans Junk head d’un monde psychanalytique où les monstres sembleraient la matérialisation d’un refoulement. Ainsi, le labyrinthe des galeries que parcoure notre héros semble aussi tortueux qu’une thérapie lacanienne.

Dans ce monde Freudo-kafkaïen les références sont nombreuses. Le réalisateur a visiblement été biberonné au cinéma, ses plans nous évoquant ici où là une cinéphilie disparate par le biais de films comme Metropolis, Alien, ou… Les minions sans oublier le manga. Mais si ces références sont visibles, elles ne s’imposent pas pour autant au spectateur. Elles agissent ici plutôt comme des vecteurs de transmission qui permettent aux spectateurs d’enrichir le film par association d’idées. D’ailleurs il est fort à parier que ces évocations soient des remontées inconscientes de l’auteur…

Techniquement, Junk head est époustouflant. Pour élaborer les cent quarante mille plans  du film, Takahide Hori aura travaillé seul pendant sept ans, faisant preuve d’une imagination et d’une inventivité sans pareille pour façonner les  figurines et les décors. Un travail d’orfèvrerie de la part d’un réalisateur qui réussit à faire ressentir les émotions de personnages en quelques plans ou par le biais de subtils jeux de lumière. Les nombreux prix que le film a déjà remportés dans sa jeune carrière sont donc plus que mérités.

Mais l’essentiel dans ce film très dense, c’est bel et bien que  le spectateur s’amuse. En effet, le réalisateur souhaite offrir à ses  spectateurs une œuvre qui les divertisse. Ainsi, au-delà de son message humaniste, le film s’avère  drôle, les péripéties du héros prêtant plus au rire qu’à l’angoisse, le réalisateur se moquant d’à peu près tout en couvrant de ridicule aussi bien les vices que les vertus humaines.

Bref, un film riche, dense, hypnotique et drôle à la fois qui démontre que tout n’a pas été dit ou fait au cinéma. Un long-métrage captivant à voir absolument en salles.

Laurent Schérer

PS. En fait il faudrait que je revoie ce film. J’ai surement oublié de vous dire plein de choses intéressantes.

La bande-annonce :