Signé par les réalisatrices Mina Mileva et Vesela Kazakova, Women do cry est un un cri de révolte sur la condition des femmes dans la société bulgare, un film explosif rempli d’une force vitale qui secoue son spectateur et, on l’espère, une société trop machiste. À voir absolument au cinéma.

La critique :

Signé par les réalisatrices Mina Mileva et Vesela Kazakova, Women do cry est un film sur la condition des femmes qui dresse un portrait pas toujours reluisant de la société bulgare. Contrairement à ce qu’annonce son titre, les femmes n’y pleurent pas. C’est même le contraire, car ici elles crient pour briser le silence qui entoure leur condition. À ce titre, des répliques comme « personne ne dit rien », « je n’ai rien dit » « pourquoi il ne l’a pas dit ? » reviennent régulièrement dans cette fiction. Women do cry met en lumière une société bulgare où une bonne part de la population reste sourde alors qu’on annonce à la télé que  91% des femmes violées dans le pays le sont par un membre de leur famille, ou que certains hommes comparent la gent féminine à de la junk food vite consommée et aussi vite jetée. 

Les réalisatrices se penchent sur une famille dont le seul homme, le grand-père (Iossif Surchadzhiev), ancien fonctionnaire et hémiplégique depuis un accident vasculaire cérébral, s’est remarié après le décès de la grand-mère. Les femmes sont réparties sur deux générations. La première est constituée de trois sœurs interprétées par la réalisatrice et ses deux sœurs, toutes les deux actrices. Nous avons ainsi Yoana (Vesela Kazakova), Véronica (Biliana Kazakova) qui vient d’accoucher d’une petite fille et enfin Ana (Katia Kazakova) qui a deux grandes filles, Sonja (Maria Bakalova) et Lora (Ralitsa Stoyanova). La première travaille sur un chantier de voirie urbaine tandis  que la seconde prend des cours de flute au conservatoire. On apprend rapidement que cette dernière a été contaminée par son petit ami qui ne lui a pas dit qu’il était séropositif au VIH.

Ce long-métrage témoigne du fait qu’être une femme génère des difficultés et des obstacles dans ce pays. On pense dans le film à Véronica devenue dépressive car elle a renoncé à ses études de pharmacie pour s’occuper de son mari et de sa fille. Mais que voulez-vous !  En Bulgarie être femme c’est être une mère ou sinon on est qualifiée de pute. Une appartenance à la gent féminine d’autant plus difficile lorsqu’il s’agit de lesbiennes ou de transgenres. Ainsi, Yoana a renoncé à être un homme malgré ses désirs parce qu’elle ne voulait pas devenir violente comme  son père qui battait régulièrement sa femme. Ce film évoque au passage la discussion au sujet de la convention européenne sur la violence à l’égard des femmes, qui a provoqué de fortes réactions, et des manifestations parmi la population bulgare.

Les réalisatrices n’oublient jamais de mettre en avant l’amour que se portent les cinq femmes malgré les nombreuses disputes qui émaillent le film où chacune a quelque chose à reprocher aux autres. En particulier on ne peut qu’être touché par la déclaration que fait Lora à sa sœur quand elle lui dit : «  Je préférerais être malade plutôt que toi pour te libérer de ce poids. » Elles seront ainsi toutes soudées quand, lors d’une sortie commune, elles évoqueront le souvenir de la grand-mère disparue.

Le scénario fait alterner des moments comiques comme lorsque Sonja maquille ses chattes et des moments graves et intenses voir révoltants. On pense en particulier à Sonja qui se fait éjecter d’une consultation médicale parce qu’elle est séropositive. Pour autant, les réalisatrices savent prendre de la hauteur avec leur sujet en usant de temps à autre d’une pointe d’autodérision, comme dans cette réplique : « C’est horrible d’être une femme, mais tu sais ce qui craint encore le plus ? D’être un homme ».

Mais passé ces constats, Women do cry est un cri de révolte qui ouvre des perspectives d’avenir. Véronica comprend ainsi qu’elle a une vie en dehors de son mari et de sa gosse. Une évolution signifiée par cette phrase  « Je ne me tairai plus » lancé à qui veut bien l’entendre à la fin du film.

Au final, Women do cry et un film explosif rempli d’une force vitale qui secoue son spectateur et, on l’espère, une société trop machiste. À voir absolument au cinéma

La bande-annonce :