Adam Theis montre avec Petite nature sa maitrise d’un cinéma sensible et au plus près de ses personnages. Porté par un jeune acteur remarquable en la personne de Aliocha Reinert, le film sait rendre à la perfection le cheminement de Johnny, un préadolescent doux et rêveur, mal à l'aise dans sa cité de Forbach.

La critique :

Johnny (Aliocha Reinert) est un garçon sensible, doux et rêveur, mais aussi précoce. Il n’en peut plus de la vie qu’il mène, entre une mère qui boit souvent plus que de raison (Melissa Olexa), un grand frère démissionnaire, et une petite sœur dont il faut s’occuper. Quand elle n’est pas saoule ou obnubilée par son copain du moment, sa mère  travaille comme vendeuse dans un bureau de tabac, laissant à Johnny la charge de la promenade du chien.

Le réalisateur Samuel Theis adopte dans son film le point de vue de l’enfant, et ce dès les premières images qui nous exposent la rupture entre les parents de notre héros. On comprend vite que la vie de Johnny à Forbach n’est pas des plus roses. Alors, quand celui-ci découvre à la rentrée des classes le nouveau maître, Monsieur Adamski, qui fait attention à lui (Antoine Reinartz), il fantasme sur son instituteur et fait tout pour lui plaire.

Ce film sensible sait rendre à la perfection le cheminement du préadolescent, ses états d’âme, ses espoirs et ses déceptions. Le réalisateur n’en fait jamais trop, déroulant pourtant un scénario aux multiples pièges. Il ne tombe ni dans le misérabilisme, ni dans le conte de fées, restant dans les rails d’une narration réaliste et entrainante à la fois. Pas de grands effets de mise en scène, la grammaire cinématographique du film est classique mais s’avère efficace quand il s’agit de retracer cette histoire scolaire au premier sens du terme.

Le physique du jeune garçon sied parfaitement au personnage. Un doux rêveur, élancé, à cheveux longs et, comme le dit sa mère, au physique d’ange. Mais le film ne pourrait fonctionner si le jeu de son acteur principal n’était pas aussi remarquable. À chaque instant il sonne juste même dans les moments les plus délicats. Une performance qu’on espère voir renouvelée tant Aliocha Reinert s’avère impressionnant à l’écran.

Après Party Girl, Adam Theis montre encore une fois sa maitrise d’un cinéma sensible et au plus près de ses personnages. Bref, un très beau film à découvrir en salle.

Laurent Schérer

La bande-annonce :