Buladó du réalisateur Eché Janga dresse le portrait de trois générations rassemblées sous un même toit. Nous avons ainsi Kenza, une préadolescente qui cherche sa place, Ouira, son père, qui a du mal à faire le deuil de sa femme disparue, et Weljo, son grand-père qui veut perpétuer les traditions de son peuple. L’action se déroule à Curaçao, île des ex-Antilles néerlandaises dont le réalisateur est originaire. C’est une société peu connue des Français que nous dévoile ici Eché Janga par le biais de paysages magnifiquement photographiés.

La critique :

Âgée de onze ans et orpheline de mère, Kenza (Tiara Richards) est sujette aux moqueries de certains de ses camarades parce que son père est policier et que son grand-père est « fou ». Comme toute adolescente, elle s’affronte avec son père Ouira (Everon Jackson Hooi) qui a visiblement une trop importante charge de travail. Il ne peut donc pas toujours assurer une présence suffisante auprès de sa fille malgré l’amour qu’il lui porte. Pour l’élever, il délègue ainsi certaines tâches à son propre père Weljo (Felix de Rooy), alcoolique notoire qui fabrique des sculptures censées communiquer avec les esprits à l’aide de matériaux recyclés de son ancienne casse auto.

 Prenant la forme d’un très beau récit initiatique, le réalisateur va donner autant de poids à ses trois protagonistes, chacun poursuivant un cheminement qui le conduira à plus de sérénité quant à sa vision de la vie et de la mort. Kenza arrivera à trouver une voie apaisée lorsqu’elle comprendra que la vie n’est jamais figée et qu’une situation peut toujours évoluer. Son père l’aidera dans cet apprentissage quand il comprendra de son côté qu’il ne faut pas délaisser son entourage au profit de son épouse décédée. Quant au grand-père, fortement imprégné par son statut de descendant d’esclaves, il trouvera lui aussi sa voie en transmettant à sa petite-fille la culture de son peuple.

Au final, Buladó montre que le respect de chacun, de ses croyances, et de son mode de vie est nécessaire pour construire une société harmonieuse. Cette très jolie introduction à la culture et à la poésie de l’île de Curaçao vaut largement la peine d’être vue en salles.

Laurent Schérer

La bande-annonce :