Dans son documentaire, Jusqu'à la mer, le cinéaste grec Marco Gastine suit Gigoris, Stavros, Agis et Vasilis, quatre patients paraplégiques ou tétraplégiques du service de rééducation d’un grand hôpital athénien, le K.A.T.

La critique :

Jusqu’à la mer, documentaire du cinéaste grec Marco Gastine, ( par ailleurs producteur de l’excellent Prochain arrêt : Utopia ) nous plonge dans le quotidien d’un service de rééducation d’un grand hôpital athénien, le K.A.T. Nous suivons en particulier quatre patients, Gigoris, Stavros, Agis et Vasilis, qui, pour des raisons diverses, sont devenus paraplégiques ou tétraplégiques. Pas d’effet de mise en scène ici, le cinéaste nous livre à l’état brut leur point de vue, mais également  celui de leurs proches et des membres de l’équipe médicale et paramédicale qui constituent l’ensemble des thérapeutes amenés à œuvrer pour l’amélioration de l’état de leurs patients. Marco Gastine ne reste toutefois pas aveugle aux limites imposées par les défaillances humaines ou par celles de la politique sociale. Il évoque en particulier le manque de moyens, tant de l’hôpital que des patients grecs, qui subissent une crise économique sévère accentuée par un plan d’austérité dont les origines remontent à loin.

Le cinéaste fait parler ses sujets autant par la parole que par les images : plan d’ensemble dans l’hôpital, salle de rééducation, cantine, réunion du staff, ou gros plans sur les faciès qui trahissent de fortes émotions. Patients, proches, soignants, tous sont expressifs, ne pouvant rester de marbre avec ce qu’ils ressentent, ou devant ce qu’ils voient.

Si certains accidentés passent rapidement à la phase d’acceptation de leur état, d’autres refusent d’admettre qu’il ne pourront plus remarcher comme avant leur traumatisme. Le réalisateur capte avec sa caméra leur espoir mais aussi leur lassitude devant le combat à mener, il nous convie ici à écouter  les personnes handicapées et non à les prendre en pitié. « Aider le patient à s’aider lui-même » tel est l’objectif de ce service de réadaptation aujourd’hui internationalement reconnu.

« Je vais bien » dit Grigoris , « je ne me sens pas malade ». On peut être handicapé et autonome. Il faut cependant du temps pour en prendre conscience, que ce soit pour la société ou les handicapés eux-mêmes. Le film montre donc toute la complexité des parcours post-accident et l’importance de croire en l’autre, en sa capacité à faire des progrès dans l’acquisition d’une autonomie et d’un retour à une vie, certes très différente, mais qui peut aussi apporter de vrais moments de bonheur. Un long-métrage qui montre la nécessité qu’a une société de prendre soin de ceux qui en ont besoin. Un sujet universel.

Actuellement au cinéma

Laurent Schérer

La bande-annonce :