Premier long métrage de Yohan Manca, Mes frères et moi est à la fois une œuvre pleine de sensibilité et un excellent récit d’apprentissage porté par un jeune acteur remarquable en la personne de Maël Rouin-Berrandou.

La critique :

Les grandes vacances, dans un quartier d’une banlieue d’une ville du bord de mer. Nour, un jeune collégien, vit dans un appartement avec sa mère grabataire et ses trois frères plus âgés. Chacun a choisi des chemins différents mais tous partagent un fort amour fraternel et sont d’accord pour prendre soin de leur mère malgré les difficultés que cela implique. Le plus âgé Abel (Dali Benssalah) se sent responsable de la famille et agit en conséquence, cherchant à diriger les siens à l’aide de ses certitudes. Mo, (Sofian Khammes) le suivant, veut profiter du système, passant son temps à la piscine à faire le gigolo et à chercher des proies. Il est toujours dans la conciliation et s’évertue en permanence à aplanir les éventuelles dissensions familiales. Hédi (Moncef Farfar), le plus incontrôlable et marginal, deale et fait des conneries. Quant au benjamin, Nour, il n’est pas non plus en reste  (quand on fait sa connaissance, c’est parce qu’il doit exécuter un Travail d’Intérêt Général) mais il a la particularité d’aimer le chant. En effet, son père, un Italien, chantait à sa mère des airs d’opéra pour la séduire.

 C’est justement pendant l’accomplissement de son T.I.G. dans son collège, qu’il entend dans une classe les voix d’un groupe de chant lyrique. Son intérêt s’éveille et la professeure Sarah (excellente Judith Chemla) l’invite à son cours.

Le réalisateur réussit à nous présenter un film dont le sujet peut sembler rebattu (un jeune garçon réalise son rêve à force de volonté) mais le traite d’une façon telle qu’il en devient original. En effet, point de manichéisme dans ce film. Les « gentils » ne le sont pas toujours, et les « méchants » peuvent aussi réfléchir et s’amender. Le réalisateur a ici le souci de travailler tous ses personnages, les frères comme les personnages secondaires. On est par instant obligé de penser à Billy Elliot, le choix du chant lyrique à l’instar de  la danse classique est inhabituel pour un garçon et entrainera une certaine résistance de son entourage pour cette passion. Néanmoins dans son scénario, le réalisateur fait le choix du réalisme. On est loin du conte de fées même si ce long-métrage est souvent tendre et drôle. Enfin, Johan Manca a particulièrement travaillé la bande-son, que ce soit la musique ou les bruits de la ville et de la plage, créant un univers sonore singulier et propre à son film.

Un long-métrage dans lequel on ressent tout l’amour que porte Yohan Manca pour ses personnages. Il façonne ici un univers fictionnel qui aura permis l’éclosion de deux talents, celui du personnage qui illumine le film, et celui de l’acteur.

Laurent Schérer

La bande-annonce :