L’œuvre de Roberto Gavaldón, sortie de l’oubli grâce à des rétrospectives aux festivals de San Sébastien et de La Rochelle, est maintenant visible en salles. Le distributeur Les Films du Camélia propose ainsi à partir de 15 décembre cinq films du cinéaste mexicain à découvrir en version restaurée sur grand écran : Double destinée (1946), La déesse agenouillée (1947) Mains criminelles (1950) La nuit avance (1951) et Jours d'automne (1962).

Nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur Double destinée , son septième long métrage en tant que réalisateur.

La critique :

Maria, (Dolores del Rio) employée comme manucure dans un salon de beauté, envie sa sœur jumelle, récemment veuve d’un homme richissime. Elle décide alors de la tuer et de prendre sa place. À partir de cette trame simple d’apparence, Gavaldón, qui excelle dans l’art de la mise en scène, offre au spectateur un scénario qui ne cessera de surprendre le spectateur grâce à des rebondissements inattendus n’ayant rien à envier aux meilleurs thrillers contemporains venus d’Hollywood.

S’inspirant du cinéma expressionniste, le cinéaste mexicain joue avec les nerfs de son héroïne prise au piège de ses émotions et qui se retrouve dans une situation inextricable. Ici Gavaldón met en scène, comme dans beaucoup de ses films, un personnage dévoré par sa passion, la jalousie et le lucre lui ayant fait renoncer à une vie difficile mais heureuse.

Film noir empreint d’un certain pessimisme social, Double destinée n’offre au final aucun débouché à celle qui avait cru pouvoir s’élever de sa condition. Esthète du film noir, Gavaldón est de plus parfaitement secondé par son directeur de la photographie Alex Phillips qui sculpte ici de somptueuses images en noir et blanc. N’oublions pas non plus la prestation enlevée de Dolores del Rio qui joue les deux sœurs. Un film à découvrir en salles en version restaurée.

Laurent Schérer

La bande-annonce :