Crock of gold, a few rounds with Shane MacGowan, du réalisateur britannique Julien Temple (Absolute beginners avec Bowie, The Great Rock n Roll Swindle sur les Sex Pistols) dresse un portrait plein d’empathie du chanteur irlandais Shane MacGowan.

La critique :

Connu pour son alcoolisme permanent, systématique et revendiqué, « ce n’est pas moi qui boit trop mais vous qui ne buvez pas assez » réplique-t-il au détour d’une interview, le chanteur qui a aussi été qualifié de plus grand poète irlandais du XX siècle ne nie aucune de ses addictions, alcool, drogue, sexe et musique irlandaise.

Dès son plus jeune âge, abreuvé, au sens figuré, à la musique irlandaise, et au sens propre, à l’alcool, le leader des « Pogues » n’aura de cesse de ne pas trahir son éducation. Regrettant de ne pas s’être engagé auprès de L’IRA, il cherchera à promouvoir la culture irlandaise par ses chansons.  Mission réussie selon le réalisateur pour lequel l’artiste a sauvé la musique irlandaise. En effet, plusieurs fois disque d’or, sa popularité a permis à celle-ci de s’étendre d’abord au Royaume-Uni puis à l’international. Et si Shane MacGowan déclare avoir métaphoriquement cherché un trésor, il l’a trouvé dans le bonheur tout au long de sa vie. Car à part une période de surchauffe lors d’une tournée mondiale organisée par un producteur à qui il s’était peut-être trop rapidement lié, le musicien dit s’être beaucoup amusé, surtout lorsqu’il était bourré, c’est à dire pendant la majeure partie de son existence.

Cependant, s’il est encore capable de donner une interview, à condition que son verre soit plein, le chanteur ne semble pourtant pas en état de remonter sur scène quand on le voit sur sa chaise roulante, étant visiblement usé par cette vie d’excès. Il ne regrette pourtant rien de celle-ci, sa vie dissolue ayant participé selon lui à sa réussite. Entouré par des proches aimants et sous l’œil bienveillant de la caméra, Shane MacGowan livre, parfois avec réticence, mais toujours semble-t-il avec sincérité, l’exposé d’une vie au service de la cause irlandaise et de la musique.

Par-delà une narration linéaire de la vie du chanteur et un traitement classique du biopic (images d’archives, interview des proches, reproduction d’affiches, unes de journaux, extraits de concerts…) le réalisateur Julien Temple filme essentiellement le Shane MacGowan contemporain lors de conversations avec ses amis Gerry Adams (leader du Sinn Fein) ou Johnny Deep (par ailleurs un des producteurs du film). D’autre part il utilise par moments et sans en abuser l’image animée, en particulier lorsque Shane MacGowan relate ses expériences psychédéliques liées à l’utilisation de drogues. Enfin, comment ne pas être ému par la captation de la cérémonie organisée pour les soixante ans du chanteur. On se croirait presque à la répétition d’un hommage posthume.

Au final, Crock of gold nous offre de découvrir la vision du monde pleine d’humour et de culture d’un personnage qui se livre sans filtre et qui se révèle attachant au fur et à mesure de ce joli documentaire sur le musicien le plus punk de la musique traditionnelle.

Laurent Schérer

La bande-annonce :