Le film sur Shadowz : https://www.shadowz.fr/content/echelon-studios-2574

On cite souvent Carnival of Souls quand on parle de Messiah of Evil , car les deux oeuvres proposent des séquences oniriques. De même, certains ont rapproché ce long-métrage des romans de Lovecraft, car le film évoque de temps à autre les Dieux anciens. Néanmoins les influences à l’origine du projet sont à trouver ailleurs, de l’autre côté de l’Atlantique. En effet, comme l’indique le nom Arletty de l’héroïne et les interviews des investigateurs du projet, Messiah of Evil est dans la lignée des travaux de cinéastes européens tels que Michelangelo Antonioni . Comme dans de nombreux films d’auteur du vieux continent, le long-métrage refuse les codes de la dramaturgie dominante et ne propose pas de réelle progression dramatique, préférant multiplier les énigmes irrésolues. Quant aux personnages, leurs actions sont la plupart du temps illogiques. Du point de vue visuel, les références sont italiennes. On pense beaucoup au travail de Dario Argento au regard des nombreuses couleurs à l’écran, de l’importance accordée aux ombres sans oublier l’usage de surcadrages qui transforment chaque plan en une toile de maître.

Willard Huyck multiplie les audaces formelles tout en offrant de temps en temps des séquences d’épouvante afin de répondre à la commande qui lui a été faite. Ainsi, la scène de l’attaque des goules (des zombies, on ne saura jamais ?) dans le supermarché est un grand moment du cinéma d’horreur qui annonce tout simplement le Zombie de George Romero , le message politique en moins.

Pour apprécier cette réalisation de Willard Huyck , il faut avant tout accepter de regarder un film d’Art et Essai s’inspirant du cinéma d’épouvante. Au final on se souvient du film nullement  pour son propos, mais pour la force d’évocation de certaines de ses séquences, qui sont des vrais instants de cinéma. Ainsi, certaines images du film s'imprègnent à jamais dans notre inconscient comme dans cette séquence où l'héroine vomit des insectes.

Quelques mots sur le réalisateur du film Willard Huyck et sa coscénariste Gloria Katz (qui aurait participé à la mise en scène même si elle n'est pas créditée). Ce duo à l'écran comme à la ville est surtout connu pour ses diverses collaborations avec George Lucas . En effet, ce sont les scénaristes American Graffiti et de l'excellent Indiana Jones et le Temple maudit sans oublier que certaines sources leur attribuent caremment les dialogues de La Guerre des étoiles . Néanmoins leur carrière sera brisée par l'échec d’Howard le canard qu'ils ont réalisé et écrit. L’écriture atypique de ce blockbuster où le double sens est roi, est pourtant une preuve supplémentaire du talent de ce duo (lire mon article sur le film) dont il serait grand temps de réhabiliter le travail.

Remercions l'excellente plateforme de SVOD Shadowz de nous permettre de découvrir leur première réalisation restée longtemps inédite dans nos contrées à l'exception d'une édition en DVD chez Artus film.

Messiah of Evil   est une oeuvre envoûtante à découvrir absolument.

Mad Will