Ce week-end, Disney + sera à l’honneur ! Depuis le lancement de ce service de SVOD, beaucoup se sont plaints du manque de nouveautés sur la plateforme. Des réactions  en partie liées à la politique d’une firme qui ne cesse depuis 20 ans de focaliser l’attention du public sur ces nouvelles licences acquises à prix d’or (Star Wars, Marvel…) au détriment le plus souvent de ses créations historiques. Il est clair qu’en matière de contenus inédits, Disney + fait pâle figure par rapport à Netflix. Néanmoins il ne faut jamais oublier le caractère patrimonial de ce service de SVOD, qui nous permet de voir « presque » la totalité (attention un nouveau « Les films que vous ne verrez pas sur Disney + va arriver bientôt ! ») du catalogue d’un géant de l’entertainment qui aura 100 ans en 2023. Pour ma part, si j’ai pris l’abonnement à Disney +, c’est surtout pour revoir des classiques du studio mais aussi découvrir ou redécouvrir des raretés produites par le studio qui méritent d’être à nouveau sous la lumière de projecteurs.

Je vous causerai donc ce week-end de 2 titres méconnus et pourtant très réussis produits par Disney. Ce samedi revenons sur le film live Natty Gann (ce samedi) tandis que dimanche nous aborderons le film d’animation Le Crapaud et le Maître d'École !

Retrouvez Natty Gann sur Disney Plus : https://www.disneyplus.com/fr-fr/movies/natty-gann/3lDRlEEzIFHP

Natty Gann est tout simplement l’un des meilleurs films produits par Disney. Jamais mièvre, ce film familial fait confiance à l’intelligence de ses jeunes spectateurs pour appréhender les événements parfois difficiles auxquels devra faire face notre jeune héroïne. Si ce long-métrage n’est pas plus connu du public, c’est en grande partie à cause du changement de direction chez Disney. Développé sous la présidence de Ron Miller, le film ne sera pas promu par ses successeurs. Une habitude à Hollywood quand un studio change de main. En effet, les nouveaux arrivants sabordent la plupart du temps les anciens projets afin de montrer que seules leurs décisions créatives peuvent sauver la société.

Natty Gann permet aux enfants de se confronter à La Grande Dépression qui a suivi le crash de 1929. C’est un récit d’apprentissage qui promeut le courage et l’amitié tout en dénonçant une crise sociale dont les plus jeunes furent les premières victimes. Gosses abandonnés, maltraités dans les orphelinats ou bien victimes potentielles de prédateurs sexuels (pour une fois le studio parle de ce sujet), le film met en scène des enfants dans un monde adulte pas forcément réjouissant. Le scénario est l’oeuvre de Jeanne Rosenberg connue pour avoir été script sur des films comme Fog de John Carpenter ou le Hurlements de Joe Dante . On la retrouvera également en tant que scénariste sur des films animaliers comme le Croc-Blanc de Randal Kleiser ou L’étalon noir sorti en 1979. Dans Natty Gann , elle nous raconte l’histoire d’un père de famille syndicaliste qui doit quitter Chicago pour aller travailler comme bûcheron. Obligé de partir sur-le-champ, il confie alors sa fille Natty à sa logeuse, en espérant pouvoir la faire venir quand il aura l’argent. La jeune fille maltraitée par la marâtre de l’hôtel, fuguera alors en se glissant clandestinement dans un train de marchandises qui aura malheureusement un accident. Si elle échappe au déraillement, elle perdra son portefeuille faisant penser à son père qu’elle est morte.

Durant son périple pour rejoindre son père, elle sauvera la vie d’un loup lors d’un combat de chiens. Pour la jeune fille et son nouveau compagnon à 4 pattes, un voyage difficile commence alors, où ils feront face à la police des chemins de fer, mais aussi à une milice venue brûler un bidonville pour chasser les SDF. Néanmoins, ils rencontreront aussi des personnes plutôt positives à l’image du jeune SDF Harry, joué par un John Cusack tout jeunot. Multipliant les péripéties, ce récit d’aventures est un portrait saisissant des USA  des années 30. Il est à noter que notre gamine battante et un brin rock 'n' roll avec sa cigarette au bec, diffère des protagonistes féminins aseptisés de Disney. C’est un beau personnage dont la force et le courage sont les seules armes. Enfin, la relation entre le loup et l’héroïne est réussie. Pas d’anthropomorphisme ou de "gnangnanterie disneyenne", Natty et le chien s'estiment et s’entraident tout en respectant la liberté de chacun.

Si le réalisateur du film Jeremy Kagan n’a pas marqué l’histoire du cinéma avec entre autres une suite inutile de L'Arnaque de George Roy Hill , il fait ici du sacré bon boulot. Toute proportion gardée, sa mise en scène rappelle ces westerns de Ford par le biais de magnifiques plans d’ensemble sur des paysages naturels de toute beauté. Un classicisme maîtrisé où la caméra sait prendre son temps. À l'image du gros plan sur les yeux de Ray Wise au moment où il s’apprête à refuser le boulot de bûcheron. Par le biais d’un contrechamp, on découvre alors la cohorte de chômeurs attendant un hypothétique travail. C’est simple, mais d’une efficacité redoutable surtout quand on peut compter sur la photographie soignée du vétéran Dick Bush (collaborateur entre autres de Blake Edwards ).

Enfin, le film s’appuie sur l’interprétation exceptionnelle de Meredith Salenger.  Elle joue ici à merveille la jeune fille courageuse, mais dont on devine en filigrane la douceur et les faiblesses. Il faut dire qu’elle est bien entourée, en particulier par les expérimentés Scatman Crothers ou Ray Wise vu dans Twin Peaks. Quant à la musique, c’est le solide James Horner qui nous offre une fois de plus  une bande-son impeccable très influencée par les musiques traditionnelles américaines.

Dans la lignée des grands romans d’aventures américains à la London ou bien à la Twain, ce film confronte une nature superbe et sauvage à une civilisation industrielle avilissante dont la crise économique aura montré les limites et l’inhumanité. En matière de longs-métrages familiaux, la firme aux grandes oreilles n’a jamais fait mieux ! Natty Gann est un grand film que je vous invite à voir d’urgence sur Disney +.

Mad Will